Le dernier Caraïbe

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LE

DERNIER

CARAÏBE.

v i e ; — il rêvassait. —Venant ensuite à s'accouder instinctivement sur son genou, sa tête s'abattit dans sa main, sou corps glissa sur le gazon, et l'homme ronfla bientôt comme un jaguar.

Bizarrerie des destinées ! — Deux nègres , ennemis de nature et de volonté , gisaient là , dormant sous la protection d'un même mangotier ! L'un d'eux formait comme le dernier anneau de cette chaîne si longtemps étendue sur le sol vierge du nouveau monde; c'était le rejeton , unique à la Guadeloupe, de cette race titanique q u i , avec les Galibis dont elle possédait, nous l'avons d i t , la langue et les coutumes , domina jadis sur l'immensité de l'archipel colonial. ( Quelques auteurs ont tellement identifié ces deux peuples, que Dutertre lui-même, qui écrivait peu de temps après le débarquement de l'expédition partie de Dieppe, dit indifféremment : Caraïbes ou Galibis.) — L'autre avait pris naissance , comme disaient les Indiens primitifs, de l'autre côté de l'eau. ( L e s révérends pères qui les instruisirent, leur ayant appris qu'ils arrivaient d'un pays situé sur l'autre rive de la mer. L'Océan pour eux était un canal.) Comme ses pareils, il avait été fait prisonnier fort


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