Le dernier Caraïbe

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L E

DERNIER

C A R A Ï B E .

des blancs viennent s'arrêter , en quelque sorte , à la limite de ce territoire morneux et improductif. Cependant, comme partout où il y a possibilité quelconque de planter, l'homme a répandu sa sueur, semé son grain ou enfoui sa bouture, le Portland n'est pas resté tout à fait inculte : de nombreux indigènes, que l'on désigne par l'appellation dérisoire de Petits blancs, y ont établi des casés et fait fructifier les carrés fertiles. Ils y font venir le manioc , la patate, l'igname, e t c . , tout ce qui constitue en un mot une petite propriété vivrière . Quelques cocotiers rabougris et de rares palmistes, s'élèvent çà et là sur ces landes du nouveau monde. 1

Aux premiers jours de Juin 1794, époque à laquelle commence cette histoire, le Portland ren fermait encore quelques huttes reléguées, formant comme un hameau à part sous le nom de Caraïbes. L'indication n'en figure plus que sur les anciennes cartes, attendu qu'il ne reste en ces lieux nul vestige de leurs premiers habitants. Le Caraïbe a totalement disparu des Antilles; c'est chose passée 2

à l'état de souvenir . 1 Où l'on ne cultive que des vivres et principalement des racines. 2

Quoique cette assertion ne soit pas absolument indispensable pour

justifier le titre de cet o u v r a g e , néanmoins, nous ne la croyons pas hasardée; — on lit, en effet, dans l'abrégé des Lettres édifiantes, ce passage sur les anciens habitants de Saint-Domingue : — « De cette multitude


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