Le dernier Caraïbe

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CONCLUSION.

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il s'avançait sur la route pour interroger du regard les abords de la maisonnette, son pied heurta le brancard : — Eh ! dit-il, qu'est-ce que c'est ? Un frisson

involontaire courut

par tous ses

membres ; —néanmoins, comme il était brave, et que l'instinct de la haine l'irritait, il se baissa pour

écarter

les branchages. Horreur ! c'était

Delphin ; mais Delphin mort ! — O h ! s'écria-t-il, m o r t ! mort! et ce n'est pas moi qui l'ai tué. En face du cadavre , sa bravoure ordinaire céda à une terreur superstitieuse,

il se recula peu à

peu, et lui aussi s'éloigna comme un insensé, de toute la vitesse humaine. Ce ne fut qu'après avoir fourni une carrière assez longue qu'il s'appuya à un des arbres du chemin. — Tous les événements dans lesquels il avait joué , depuis plusieurs mois, un rôle si actif, passèrent confusément devant sa pensée ; il s'avoua , en fin de c o m p t e , avoir servi un homme q u i , pour prix de ses services , avait tué sa cabresse chérie. — De cet esclavage honteux et volontaire, que lui restait-il? quelques gourdes ! — S u r

qui

se venger?... Ce fut dans cette dernière disposition d'esprit qu'il traversa , au point du jour, la savane de Gripon. — Mathias sortait en ce moment de la petite case où il avait passé une mauvaise n u i t , sans moustiquaire, et privé du modeste confortable


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