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LE
DERNIER
CARAÏBE.
— Si je l'aime ! — Oh ! c'est mon amour pour lui qui m'inspire, Monsieur ; c'est son souvenir qui me défend d'accepter. — Vous persistez ?... fit Delphin en se levant. — Plus que jamais, Monsieur, reprit la jeune fille avec é n e r g i e , tandis que son persécuteur la couvait du regard, plus que jamais ! — Ecoutezmoi : j'ignore le sort qui m'attend , il ne m'est pas donné de connaître vos projets sur ma personne ; mais tout me dit jusqu'ici qu'il y a contre m o i , contre nous,
une trame ourdie avec le plus in-
fernal mystère, que ma vie est peut-être à toute heure exposée, que cette lutte
d'ennemis
invi-
sibles a déjà trop d u r é , et je sens là qu'elle ne peut finir que par une horrible catastrophe. — Eh bien , quoi qu'il arrive, je veux eu ce moment, décisif sans doute, vous dire toute ma pensée : Vous avez fait, Monsieur, une abominable action; car il m'est impossible d'en douter
désormais;
c'est vous qui m'avez fait enlever de la maison de mon père. Delphin voulut parler, Sophie continua résolument : — Toute justification
serait inutile ; si vous
aviez eu pour moi les sentiments que vous exprimiez, il n'y a qu'un instant; si vous aviez aimé ceux que j'aime plus que ma vie ; si vous étiez digne du lien que vous m'offrez, à la nouvelle de