Le dernier Caraïbe

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DISPOSITIONS.

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bliait : si quelquefois le passé lui apparaissait, ce n'était que dans les moments où une nouvelle solitude lui apportait une nouvelle douleur. Donc, elle lui fit mille avances charmantes qui témoignaient de son bonheur présent. Delphin les reçut comme toujours, d'un air distrait,

et en

homme fortement préoccupé. Toute autre que la jeune mulâtresse eût provoqué des explications nécessaires sur cette physionomie qui ne reflétait jamais de tendres sentiments. Mais la pauvre Joséphine aimait ou pleurait : — c'était là toute sa science. — Nous allons déjeuner, dit-elle.... — Ce sera alors sans moi, ma bonne Joséphine, fit Delphin, car je repars à l'instant. — Ah ! mon Dieu ! s'écria la mulâtresse, repartir ! — sitôt ! — 11 le faut, reprit Delphin ; mais rassure-toi. — Cette fois le voyage ne sera pas long. Je vais simplement à mon habitation ; ce soir, je reviens pour ne plus te quitter. Delphin appuya sur ces derniers mots : il les scella d'un regard qu'il s'efforça de rendre langoureux. Cette assurance calma les craintes de Joséphine. — Eh bien! dit Delphin à Jupiter, Muscadin est-il prêt? — I1 mange sa dernière bouchée d'herbe fraîche.


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