Le dernier Caraïbe

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LE

DERNIER

CARAÏBE.

devait indiquer, au besoin, la nature du c o m merce des deux nègres. Quand la pirogue fut en vue de la Gabarre,

la

sentinelle cria : Qui vive? Tonga répondit : Ami! herbes pour la Pointe. Le comte frissonna ; — le caraïbe se mit à chanter : Aye,piti,

Mamezelle Zizi,

etc., et l'on entra

dans le petit Cul-de-sac. — Tonga vint s'amarrer au quai le plus rapproché de la Petite-Terre.

— Tout dormait encore

dans la ville; aussi, rien ne fut plus aisé que de reprendre les herbes et de se diriger, par de petits chemins, vers l'extrémité nord de la rue des Abîmes. Le vieillard frappa chez Joséphine : elle bondit de sa couche, croyant au retour de Delphin. — Ce n'était pas lui ! Le comte , sur l'invitation du nègre, se confia à la générosité de la mulâlresse, en la priant de le cacher jusqu'au soir. Joséphine, dont le cœur s'épanouissait toujours à l'idée d'une bonne action , fut heureuse de se trouver pour quelque chose dans le salut d'un homme dont la tête était m e nacée. — Elle était loin de se douter, la pauvre fille, que Delphin se montrait le plus cruel ennemi de l'émigré. — De son c ô t é , M. de Joppé ne soupçonnait pas dans quel asile il s'était réfu-r gié : T o n g a , l u i - m ê m e , qui connaissait

parfaite-


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