Le dernier Caraïbe

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D E R N I E R

C A R A Ï B E .

sions à cet égard n'étaient que trop fondées; car, chose singulière, il arriva que l'expédition appareilla de l'île d'Aix le même jour que l'ennemi reçut les offres de capitulation. Une poignée d'hommes et deux bâtiments de guerre ne pouvaient avoir la prétention de conquérir une île occupée par des forces numériquement considérables ; à savoir : quatorze vaisseaux de ligne ou frégates et dix-huit autres voiles opérant concurremment avec une armée de plus de huit mille hommes. — L'idée de la conquête eût passé pour folie, si la nécessité ne l'eût changée en héroïsme.

Ce fut le 18 Prairial an 11 ( 6 Juin 1794 ) que les Français, qui avaient déjà opéré un débarquement à la Pointe-des-Saliñes , à l'est du

Gozier,

quatre jours auparavant, et qui y avaient repoussé l'ennemi surpris à l'improviste , —tentèrent, de nuit, la prise du fort Fleur-d'êpée. Ce fort, la clé du pays de ce côté, dominait la mer : bien défendu , il pouvait opposer une longue résistance, quand on songe surtout aux faibles moyens d'attaque des assiégeants. Telle fut, cependant, la panique qui s'empara des Anglais, que neuf cents hommes, seize pièces de canon, un obusier et des remparts inexpugnables ne suffirent


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