Le dernier Caraïbe

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CAMP

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BERVILLE.

ractères, semblaient un poids continuel, sinon un péril; les regards de chacun le leur disaient : il ne fallait qu'une minute de revers pour décider l'explosion , et alors, ils le comprenaient, leur sort était affreux. Quelques-uns, néanmoins, de ces hommes, qui croient toujours que la faiblesse, la résignation, voire même la conciliation , sont des vertus civiques, frémissaient d'impatience; mais n'auraient jamais osé concevoir le moindre soupçon. M. de Joppé était de ces derniers. Honnête homme, d'une foi pure, il niait l'abandon, même chez un ennemi. Qu'eût-il dit du sacrifice? D o n c , il se passait dans l'intérieur de Berville, quelque chose d'étrange et de triste. Les courants en étaient comme imprégnés d'électricité. On dirait que les éléments reflètent, dans les circonstances graves, les craintes ou les passions humaines. On s'interrogeait avec anxiété , et nul ne pouvait assigner positivement une cause à des rumeurs mal contenues. Le doute dura peu. — On vit arriver un aidede-camp du général Graham , avec un ordre à divers émigrés de se réunir chez lui.— Un conseil de guerre était convoqué. Le général exposa , dans ce conseil, la position précaire du camp de Berville ; il montra tous ses abords entièrement cernés, déclara ses approvi17


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