Le dernier Caraïbe

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LE

DON PATERNEL.

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cents nègres qui pleuraient et priaient pendant tout le trajet. Le récit de Tonga touchait à sa fin; aussi fit-il une nouvelle pause du genre de la première ; — mais, cette fois, ce ne fut pas Zami qui le tira de son engourdissement. Un bruit étrange, qu'ils ne purent tout de suite apprécier , vint exciter leur curiosité. Tonga se leva, aspira encore quelques bouffées d'air : — Z a m i , au contraire , se baissa au niveau du banc de bois sur lequel elle s'était assise auparavant ; — puis , ils écoutèrent. L e ciel s'était rasséréné et s'étoilait déjà. — La brise avait molli ; rien ne bruissait désormais dans ce milieu d'où s'exhalait seulement la vague senteur des plantes, après une chaude journée. —I1 va sans dire que nous ne tenons aucun compte du bruit lointain de la mer sur le galet, ou sur les chambranles formidables de la Porte-d'Enfer , attendu que les contrées exposées à des voisins grondeurs ont tout autant de charmes , pour leurs habitants, que les lieux privilégiés en apparence. — Demandez au montagnard des Pyrénées, si jamais le gave de Gavarnie ou celui de la vallée d'Azun l'a gêné dans ses travaux ou dans ses rêveries. Il vous répondra qu'il vit dans ce bourdonnement, qu'il l'aime ; — ce sont ses harpes éoliennes.


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