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LE
DERNIER
CARAÏBE.
gazouillement produit par le heurt des sommités fanées. — Délicieuse nature, pensait la pauvre Sophie, c'est un Dieu qui vous anime! Le coteau Picard n'est pas assurément
très-
élevé ; mais les petits pieds de la jeune demoiselle, peu habitués à de semblables excursions , se refusaient à une ascension fatigante. L e gazon mouillé trahissait ses efforts multipliés, et force
fut à
Sophie de s'appuyer sur ses deux compagnons de route. Cet incident ralentissait la fuite et contrariait vivement le vieux nègre ; — il ne souffla m o t , c e pendant, espérant qu'au pied du versant opposé, la petite troupe reprendrait un train plus hâté. Il se trompait. Sophie, en effet, arrivée au bas de la colline, succombait à la fatigue, et proposa à Zami de prendre un peu de repos. — Comme Mameselle voudra, fut la réponse de la cabresse. — Je vous donne un quart-d'heure,
dit le
vieillard , et pas davantage. — Que crains-tu donc? demanda Sophie. — Oh ! Mameselle, murmura Tonga , nous sommes sur un grand chemin ; sait-on ce qui peut arriver? — Les chemins ont toujours été très-sûrs ; tu te trompes, assurément.