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LE D E R N I E R
CARAÏBE.
Avant de commencer l'ascension nouvelle qu'il projetait, le vieillard voulut du moins sonder l'entrée des sentiers.—A peine avait-il fait dix pas que la voix d'un enfant se fit entendre. — Tonga s'arrêta pour écouter. — La voix chantait : Tant prie mouchéa
pas maré moin ,
Quand Madame sorti, mon que di vous
1
ça...
— Bon ! murmura le caraïbe, c'est un négrillon qui s'ennuie ou qui a peur. — Allons le trouver ! En deux minutes , il fut auprès du chanteur. C'était un petit milâtre borgne accroupi devant 2
un régime de bananes . — Bonjour, compère, dit Tonga au petit bonh o m m e , d'une voix caressante. — Ce mot ne pouvait que flatter l'amour-propre
de l'enfant,
et
c'était le moyen d'apprendre quelque chose. A ce bonjour inattendu, le borgne tressaillit; mais, après avoir relevé la tête et reconnu une face noire, sa face cuivrée se rasséréna bientôt. — Tiens, c'est vous? dit-il tranquillement. — Est-ce que tu me connais? reprit vivement le caraïbe. 1
Je vous en prie, Monsieur, ne m'attachez point, quand M a d a m e sera
sortie je vous dirai cela, etc. (C'est une servante qui parle à son m a î t r e ) . 2
On nomme régime de bananes le rameau ou, mieux encore, l'énorme
pédoncule qui soutient les pattes de bananes. — Les pattes se c o m p o sent elles-mêmes de 5 à 6 Fruits. — 11 y a des régimes qu'un homme a peine à porter