Le dernier Caraïbe

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L E

D E R N I E R

C A R A Ï B E .

Justement Figo rentrait de la pêche; il les aperçut du haut de la Falaise-blanche. Comme tu penses, il accourut; mais quel ne fut pas son désespoir en reconnaissant son ancien maître, M. Alfred de Joppé, étendu sur un brancard fait de branches d'oliviers, et porté par ces quatre hommes ! — Ah ! mon Dieu, fit la cabresse, il était mort ! — N o n , reprit Tonga, il n'était que blessé. — Pauvre blanc ! F i g o , était fou ! — Je vois encore ce brancard teint du sang de ce bon maître ; car je rentrai ici, quelques minutes après son arrivée. — Et ces messieurs se désolaient ! . . . . — 11 avait là de bons amis. — Je vois, murmura Zami, il s'était

battu....

— Lui? ce brave M. de Joppé! on l'aimait trop pour lui chercher querelle; — mais ça devait lui arriver.... Ici Tonga respira péniblement ; on eut dit qu'il assistait réellement à la scène dont il faisait le récit à sa fille , et si, lorsqu'elle eut lieu , il avait été vivement impressionné malgré ses vingt ans, aujourd'hui que le nègre était devenu vieillard, sa douleur prenait tout le caractère de la sauvagerie originelle. Le menton appuyé sur ses deux poings, les lèvres allongées, les yeux légèrement injectés de gang, il regardait l'herbe brûlée par la chaleur;


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