Le dernier Caraïbe

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LE DON PATERNEL.

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à m o r t , sont emportés violemment par le vent et, faute d'espace, s'abîment dans la mer, ainsi que Tonga l'a fait observer à sa fille. Au-delà du P i t o n , la mer trouve une issue étroite et profonde ( le Goulet ) et s'y engouffre avec un bruit effrayant. Les flots, bondissant contre les falaises, y ont percé, à l'aide de la succession des siècles, une arcade immense connue sous le nom de Porte-d'Enfer. Sous cette ogive gigantesque se débattent des vagues monstrueuses qui , le plus souvent , déferlent audessus du monument. Tels sont les lieux dont le vieux nègre parlait à sa fille, lesquels, disait-il, étaient cachés par un mince monticule. Zami se contenta d'un assentiment tacite. — Tu sais, continua Tonga, que chaque année, tous ces messieurs ( le Caraïbe ignorait parfaitement les désignations adoptées par la République française) du Port-Louis, de l'Anse-Bertrand, du Petit-Canal, viennent chasser au Piton. — Ce sont alors des fêtes, des dîners, des parties de bain de m e r , à n'en plus finir. Eh bien, c'était déjà comme cela, il y a quarante ans et plus. L e pauvre Figo vivait ici, dans celte cabane, et bien misérablement, jusqu'au jour où deux esclaves et deux blancs frappèrent à cette porte.


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