Les Déportés ou Cayenne en l'An VII de la république

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En cet instant q u e l q u e s femmes, portant des enfants dans leurs bras, se précipitèrent vers les transportés en poussant des cris d e d o u leur ; c'étaient les m è r e s , les sœurs, les f e m mes de ces i n f o r t u n é s ; elles étaient v e n u e s de toutes les parties de la France à pied, sans argent et s o u v e n t e n demandant l'aumône, pour dire le dernier adieu à ces chers objets de leur affection; elles avaient traversé tous les obstacles pour avoir la s u p r ê m e consolation de les embrasser u n e dernière fois ; mais leur d é v o u e m e n t échoua devant l'inexorable rigueur de l'agent du Directoire qui présidait à l'embarquement. Le misérable, craignant que le spectacle de ces adieux déchirants n e causât une trop v i v e émotion parmi le p e u p l e , donna l'ordre de repousser les m a l h e u r e u s e s femmes à coups de crosse. Les déportés n'eurent pas m ê m e l'amèrc joie de revoir u n m o m e n t celles qui étaient v e n u e s les chercher â travers tant de difficultés et de souffrances ; les soldats, sur l'ordre de leurs chefs, mirent la baïonnnette au bout du fusil et chassèrent les prisoniers vers les chaloupes ; l'embarquement s'effectua aussitôt. Lorsque les embarcations furent à q u e l q u e s encablures d u quai, on vit d e u x h o m m e s , se l.


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