Les Déportés ou Cayenne en l'An VII de la république

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par des palmistes aux pointes acérées. U n e plantation de manguiers, de corossols, de sapotilliers, d'avocatiers, tous fort jeunes encore, annonçait que cette propriété avait été créée par un homme intelligent et laborieux. L e s deux amis, surpris de trouver dans ce désert une lande de terre mieux cultivée que celles qui occupaient le centre de S i n n a m a r i , s'approchèrent de ce petit domaine et découvrirent, penché sur un carré d'ignames, un homme vêtu d'une robe de bure et coiffé d'un chapeau de palmier. — E n c o r e un m o i n e ! s'écria P a u l .

A cette exclamation, l'inconnu releva la tète : c'était un homme j e u n e , d'une physionomie humble et douce ; il tenait dans ses mains calleuses les herbes parasites qu'il venait d'arracher, et marchait nu-pieds. A la vue des étrangers, il s'approcha du fossé, au-dessus duquel il jeta un tronc de bois en travers e t les engagea à entrer dans son enclos. L o r s q u e Evariste et P a u l mirent l e pied sur la rive opposée, le propriétaire les salua de cette formule chrétienne : — Que la paix d u S e i g n e u r soit avec vous, mes frères. — Et avec votre esprit! murmura E v a r i s t e . Q u a n t à P a u l , i l s'inclina légèrement.


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