Les monuments aux morts d'Emile André Leroy

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Émile André Leroy au Congo en 1932. Collection famille Leroy.

Boukouenza posant à côté de son buste en terre, Congo, 1932. Collection famille Leroy. Boukouenza, type Bacongo, ou Afrique Équatoriale Bacongo. Fonte d’époque à la cire perdue de Pannini. 1932. H. 52 cm. Vente Ader-Nordmann du 4 février 2011, Paris. Collection Olivier Thourault. Toumba, type Sara, ou Afrique Équatoriale Sara. Fonte d’époque à la cire perdue de Pannini. 1932. H. 48 cm. Collection Olivier Thourault.

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Leroy repartit en Afrique en décembre 1931 grâce au Prix de l’Afrique équatoriale française7 obtenu à l’unanimité moins une voix avec son Buste de jeune Haïtien8. Il précédait deux autres élèves de Boucher, Louis Bâte, lauréat en 1933, et Évariste Jonchère, lauréat en 1951. La même année, l’artiste participa à l’Exposition internationale d’art colonial de Rome. Ce second voyage dura neuf mois, dont sept au MoyenCongo, essentiellement à Brazzaville. Les conditions de ce séjour sont décrites dans le rapport rédigé par É. A. Leroy à l’attention du président de la SCAF. On y apprend qu’il s’adapta facilement à ses nouvelles conditions de vie et de travail et trouva de l’argile à M’Pila, un village à cinq kilomètres de Brazza où exerçaient des potiers. La terre brute, séchée et pleine d’impuretés, lui rendit satisfaction une fois qu’elle fut détrempée, épurée et mise en pain. Pour trouver les moyens de prolonger son séjour au-delà des trois mois réglementaires, il répondit à diverses commandes. Il eut rapidement pour modèle une femme indigène puis un tirailleur Sara dont le buste fut acheté par le gouverneur général, Raphaël Antonetti, pour le compte de la Colonie. Ce dernier lui passa commande de quatre bustes représentatifs des populations des ethnies Sara, Balali, Banda et Makoua. Il réalisa également le buste du gouverneur, ainsi que les bustes d’une femme de la Likoua et d’un milicien du nom de Samory. Par ailleurs, le docteur Léon Palès, chirurgien à l’hôpital de Brazzaville et anthropologue, lui commanda des moulages de têtes, pieds et mains de Sara, ainsi que ceux d’un pygmée Babinga et d’autres indigènes9. L’artiste passa presque entièrement son séjour à Brazzaville dont il s’échappait de temps à autres pour des virées en brousse avec des voitures mises à sa disposition par le gouverneur général. Il fit cependant quelques excursions dans la colonie. Il profita ainsi d’une tournée d’inspection sur le trajet du chemin de fer Congo-Océan de Brazzaville à Pointe-Noire pour visiter le Mayumbé et les importants travaux qui y furent réalisés. Le sculpteur garda par ailleurs un excellent souvenir d’une tournée en vedette à vapeur sur le fleuve Congo, dans la région du Couloir, ainsi que d’un court séjour à Mayama chez les Batéké dont il appréciait la sculpture. Leroy fit également un séjour au Cameroun, à Douala, ainsi qu’à Yaoundé, d’où il fit plusieurs excursions en territoire Peuhls et à Akonolinga, sur le fleuve Nyong. Certaines de ses œuvres furent présentées au Salon de la SCAF en 1933, dont un croquis humoristique figurant l’arrivée du gouverneur Antonetti, ainsi que huit sculp-

7) En raison d’une erreur commise durant une dizaine d’années successives dans les catalogues des salons de la Société coloniale des artistes français, l’artiste est réputé avoir été titulaire du Prix de l’AOF. 8) Cette œuvre présentée au Salon sous le n° 3773 (Buste de M.B.) fut plus tard acquise par l’État pour le Musée d’art moderne.


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