Yup'iit Inupiat

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L'un des problèmes auxquels nous devons faire face sur les terres du gouvernement est celui de la continuation de nos activités traditionnelles de subsislènce. Tout d'abord, il va falloir définir le mot "traditionnel", ça dépend de la façon dont les gens considèrent notre mode de vie. Ensuite, il est certain qu'ils essaient de supprimer nos activités de subsist~nce. D'une part, ils veulent les comprimer dans une certaine période, de telle date à telle date, et d'autre part, ils veulent mettre au point une liste de gens dans les villages qui seraient autorisés à chasser: mais quand ils seront tous morts, plus personne ne pourra vivre de sa chasse ou de sa pêche. Alors, est-ce qu'ils vont amender ANILCA pour assurer la continuation de nos droits exclusifs aux activités traditionnelles ? Je ne le pense pas, ce serait vraiment ouvrir une boîte de Pandore. Je pense plutôt qu'ils vont essayer de passer un amendement il la Constitution de l'Alaska (aux termes de laquelle, pour le nwment, les indigènes en zones rurales ne peuvent bénéficier d'une garantie exclusive sur leurs droits de chasse et de pêche, dalls la mesure ou cela excluerait les autres habitallts de l'Alaska, tres jalOlu de leur pêche et chasse sportives et commerciales)."

Alors, un autre traité violé? Pas vraiment. C'est un traité du vingtième siecle, et les indigènes ont eu la possibilité de conférer avec les autres nations indigènes du continent avant de le signer. A l'époque, d'ailleurs, ANCSA a représenté un énorme pas en avant: pour la première fois, le gouvernement américain acceptait de négocier avec des autochtones avant de céder leurs terres aux nouveaux arrivants. Mais il est certain que certaines provisions du Traité sont étrangères aux traditions des autochtones

alaskans, et il est heureux qu'à l 'heure actuelle, leurs leaders soient conscients de la nécessité de se protéger. Il n'est pas évident non plus que le gouvernement fédéral, ou celui de l'Etat, aient l'intention de violer ses provisions au grand jour, comme dans le cas des traités indiens. Il y a, c'est sûr, des légistes qui s'emploient à trouver des failles qui permettent au gouvernement de contourner le Traité. Mais les corporations emploient elles aussi des juristes, chargés d'en faire appliquer les clauses dans leur intérêt. La bataille se situe beaucoup plus au niveau des villages : équipés d'avions, de motoneiges et de hors-bords, armés de fusils à lunette, de jumelles et de radios, les indigènes continuent-ils à vivre de façon traditionelle ? Il est possible que dans le cas de l'Alaska, la réponse soit vraiment positive. Ils peuvent avoir le harnachement le plus sophistiqué, il n'en reste pas moins que les chasseurs utilisent des traîneaux àl'ancienne, des raquettes, et surtout les connaissances que leur transmettent les anciens. pour traquer le gibier. l'abattre et le ramener à la maison, où il est entièrement utilisé, pattes, poils et plumes. Et nageoires ... Et quand ils sont pris dans un blizzard, ce n'est pas leur équipement ultra-moderne qui leur permet de survivre par - 70, mais leur connaissance du terrain, des techniques de survie, et leurs parkas en fourrure. Un mouvement se dessine aujourd 'hui pour s'assurer que ces connaissances vont être transmises aux jeunes, pour leur passer les valeurs de leurs ancêtres, pour leur communiquer l'amour de leur terre, de leur environnement. S'ils reprennent la lutte, l'histoire d'ANCSA est loin d'être finie ...

par Natalie Novik, Kotzebue, Alaska

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