Yup'iit Inupiat

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reprennent la lutte pour la survie. Le système dans lequel ils vivent les tuent. La façon dont ils vivent aujourd'hui les tuent, elle déprime encore plus leur âme déjà déprimée. Les villages indigènes en Alaska, et leurs habitants, sont en effet déprimés. Non seulement ils souffrent spirituellement en raison d'assauts àlem' psychisme apparemment oubliés, mais cette dépression psychologique est exacerbée par leur dépendance presque complete al' égard de "l'aumône" en provenance du gouvernement fédéral et alaskan. De sa naissance à sa mOlt, l'indigène alaskan est "pris en charge" par le gouvernement. Il est même enterré dans un cercueil payé par le gouvernement. Il a peut-être son baccalauréat, mais il est au chômage. Sa famille, à la charge du gouvernement, n'a pas besoin de lui pour survivre. Il se sent inutile et n'a rien à faire.

n 'y a plus rien à quoi nous puissions renoncer. Il ne reste rien avec quoi négocier. AFN, et les villageois, sont acculés. Ils ne peuvent plus battre en retraite. S'ils veulent guérir les gens dans les villages, ils doivent finir le travail qui a seulement commencé avec le réglement des revendications territoriales en Alaska (ANCSA). Ils doivent conquérir les sept droits fondamentaux, des droits essentiels pour la survie des indigènes d'Alaska, des droits essentiels pour leur âme en tant qu'indigènes, des droits que les morts massives à la suite des épidémies et les traumatismes leur ont retirés. Les peuples indigènes d'Alaska sont a nouveau prêts à assumer ces droits et ces responsabilités, droits et responsabilités sans lesquels ils cesseront de vivre en tant que peuple. C'est une question de survie, et non de sémantique ou de politique. Pour nous, c'est devenu une question de survie ou de mort tragique, traumatisante.

Cette dépendance presque totale envers les autres contribue à miner un peu plus l'esprit déja démoralisé des habitants indigenes des villages, et la seule façon d'arrêter ce processus, est de redonner aux gens leurs responsabilités d'autogestion, etc ... Non seulement ça, mais aussi la responsabilité de nourrir, de vêtir, d'abriter leur peuple. Alors, et seulement alors, ils reprendront leur lutte pour vivre.

Je ne sais pas s'il se trouvera quelqu'un pour comprendre ou entériner ce que je viens d'écrire. Et je ne sais pas, si l'on me comprend, si mes recommandations seront suivies. Mais je suis convaincu que j'ai écrit la vérité et que les faits le confirmeront.

Cette chance de reprendre la lutte est ce que AFN et les villages qui en sont membres doivent entreprendre. Pour certains, les sept droits qu'ils doivent reconquérir signifie "souveraineté". Pour les indigènes dans les villages, ça signifie la vie, la vraie vie, le travail pénible, la sueur, et pas le temps de se plaindre.

Ce que j'ai écrit est le résultat de cinq années de travail, travail mental, parfois frustrant, lourd d'anxiétés, mais travail quand même. Ça ne m'est pas tombé dessus comme un coup de tonnerre, mais plutôt de façon éparse, en morceaux. Mais finalement, tous les morceaux s'assemblèrent, et je les ai mis par écrit pour que d'autres puissent les lire.

Et non, ces villages indigènes, ces peuples indigenes qui revendiquent ces sept droits ne demandent pas quelque chose de nouveau, quelque chose qu'ils n'ont jamais eu auparavant. Ils veulent non seulement pouvoir vivre comme leurs ancêtres, mais également reconquérir des responsabilités qui sont aujourd'hui entre les mains du gouvernement, des responsabilités qui leur appartiennent réellement. Ils veulent être normaux à nouveau. La façon dont ils vivent aujourd'hui est anormale, c'est la vie d'un animal en cage. Ils sont nounis, logés, blanchis, mais ils ne sont pas libres, et ça les tue.

Il y a certainement d'autres personnes plus qualifiées et plus respectables que moi qui pourraient probablement composer une lettre plus parfaite. Mais cette lettre vient du coeur et provient de mes propres souffrances et de mon emprisonnement. Dans ces souffrances et cet emprisonnement, j'ai découvert la vie avec plus de clarté, à l'écart du bruit et des parasites du monde. Je ne me suis pas retiré du monde que j'ai connu, le monde de mon enfance, et le monde dans lequel je me suis férocemment battu pour des résultats en apparence futiles.

C'est ce que la Fédération des Indigènes d'Alaska peut et doit faire. Le temps de renoncer est passé. Il

En conclusion

Non, durant ces cinq années de prison, je n'ai jamais quitté mon village et mon propre peuple yupik. En fait, je suis retourné vers eux en esprit. Tandis que 31


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