Voix indiennes du grand nord

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qui permet de développer plusieurs intrigues liées aux personnages. D'un ton très personnel, cette série ne connut pas, hélas! le succès qu'elle était en droit d'espérer. En effet, en plus de l'absence de héros, la présentation assez neutre des albums et le genre

peu à la mode des dessins de Kresse ne permirent qu'un succès d'estime. C'est dommage. Ayant tout de même eu droit à huit albums, cette bande marque une borne importante dans l' histoire dessinée de la race rouge.

Arrivé à ce stade de l'article, je vois bien que certains d'entre vous s'agi tent. Mais que diable! par le grand Mani tou! n' existe-t-il donc pas de bande de référence dans le domaine indien ? de BD qui soit la pléiade de l' Histoire indienne ?

condi tion sociale d' homme blanc. D' ailleurs, les deux amis n'auront aucun scrupule à faire le coup de feu contre leurs ennemis communs, les adorateurs du billet vert ...

• . • Si. Fort heureusement, il Y a au moins deux oeuvres ayant pour personnage principal un Indien qui méritent l'octroi des six plumes de la qualité indienne. La première est certainement la longue série de Kline et Ollivier, "Loup Noir", qui fit les beaux jours de PIF qui publia à sa grande époque nombre d'oeuvres de quali té. Bien que succombant de temps à autres aux périls des séries, l' obligation de calibrer en nombre de pages et en cadence de parution, "Loup Noir" proposa souvent des bandes de qualité où l'Indien est montré dans sa totalité. Des tribus sont hostiles en effet, mais d'autres sont on ne peut plus civiles. La vie quotidienne des Indiens, du moins des tribus des plaines et des mesa, est souvent décrite et le contact avec les Blancs n'est que rarement à l'honneur de ceux-ci. Souvent, d'ailleurs, les Indiens ne comprendront pas ce qui leur arrive car leur forme de pensée quasi-monolythique est trop étrangère à celle, retorse, des Blancs. Loup Noir, d'ailleurs, ne se liera vraiment d'amitié qu'avec un seul Blanc qui n'est finalement qu'un marginal dans la société anglo-saxonne. Shorty , trappeur solitaire, est en fait bien plus proche des modes de vie indiens que de sa

Après "Loup Noir", véritable réussite humaniste, il me semble qu'une autre BD est digne de figurer au panthéon rouge . "Celui qui est né deux fois", par l'innéfable Derib, représente en effet à ce jour, ce qui s'est fait de mieux en matière de représentation imagée de la vie indienne. Abandonnant pour une fois les pénibles représentations du bonheur conjugal menacé par l'adversité, Derib a su, là, faire oeuvre et conter avec un réel talent et une grande émotion le voyage initiatique de l'Indien au cours de sa vie. Ici, pas de méli-mélo ni de sentiments petit-bourgeois qui sentent bon la charentaise roussie par la grille du feu de cheminée mais plutôt une réelle fascination envers les modes de vie de ceux qui formèrent une des civilisations les plus attachantes du siècle dernier. Il m'en coûte de terminer cet article par un album de Derib mais l' honnêteté doit passer avant tout (!)... et force m'est de reconnaître en "Celui qui est né deux fois" une grande histoire ethnologique hyper documentée et certainement très proche de la réalité indienne. Quel dommage que son auteur soit aussi responsable (j'allais écrire coupable) de l' horrible "Buddy Longway" •.. Hoka Hey! Francis SAINT-MARTIN 69


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