Voix indiennes du grand nord

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Etre interdit sur sa Terre Si les Cree de Lubicon Lake n'ont jamais eu de Réserve, c'est que le Gouvernement Fédéral ne les a pas rencontrés en 1899. Cette année-là, une délégation fédérale a eu pour mission de voyager à travers le nord indien du Canada, et a signé avec les Autochtones LE TRAITE N°8. Comme pour tous les autres, le but de celui-ci était d'acquérir le plus de terres possible au nom de la Couronne afin d'y envoyer des colons au plus vite et d'y faire creuser des mines. En "échange", on "faisait don" de réserves indiennes, de petites sommes d'argent et d'une allocation individuelle de 5$ à perpétuité .•. Mais les deux groupes de la délégation en question se sont contenté de suivre les deux rivières navigables que sont la Peace River et l'Athabasca, manquant ou évitant la rencontre avec avec plusieurs Bandes vivant entre ces deux rivières ... dont celle de Lubicon Lake.

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Très isolés à l'époque, et leurs territoires ne présentant pas grand intérêt, on jugeait de toute façon que leur inclusion à un traité était loin d'être une priorité. Mais l'existence de ce traité a tout de même fini par être connue jusqu'ici: les Indiens ont alors compris, exclusivement compris qu'on s'engageait à leur donner 5$ par an et des garanties protégeant leur chasse, leur pêche et leur trappe. Et certains membres de la communauté sont partis à Whitefish Lake pour faire valoir ces droits. Le voyage leur a demandé un an! A leur arrivée, un agent fédéral les a inscrits sur la liste tribale de Whitefish Lake et a enregistré l'existence des Indiens de Lubicon Lake. L'histoire en est restée là jusqu'en 1950: la province d'Alberta demanda alors au Gouvernement Fédéral une déclaration relative à cette Bande, déclarant que ses administrateurs étaient prêts à céder une réserve si l'on pouvait procéder à une distribution des LICENCES D'EXPLOITATION. 1954: toujours sans réponse d'Ottawa, le gouvernement de l'Alberta décrète d'emblée que la région du Lubicon est dorénavant propriété de la Couronne!

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Au moins une fois par semaine, Bernard Ominayak quitte son bureau et entreprend le long voyage qui le mène, par sentiers battus, jusqu'à sa cabane. Piquant vers le Nord, il passe sou seize panneaux clamant la présence deHusky Oil, Norcen, Texas Pacific, Mobil Oil et autres compagnies pétrolières. Sur l'horizon, un nuage orangé enflamme le ciel ... "C'est un feu de forage", explique-t-il. "Ils épuisent les gaz à l'un des puits ... " La colonisation est là avec son bazar, ses matricules et ses motels préfabriqués. Sur la route, embouteillages continuels dûs aux tracteurs, bulldozzers, aux équipements d'unités sismiques et de forage. Le parfum des sapins meurt sous les effluves de mazout et de gasoline. Des pompes d'extraction se dressent partout et, partout, se campent des barrages fermés. Ces terrains ne feront pas partie d'une réserve proposée, mais sont pourtant bel et bien au coeur des territoires de chasse traditionnels des Indiens Cree.

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71 ans, trappeur...

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