Peuples du Totem

Page 22

LA GUERRE DU SAUMON,

i

20

A la fin des années 60 s'est développée chez les Indiens une tendance à ne pas protester, tant chez les jeunes que chez les anciens des tribus. On faisait souvent remarquer les "grands bénéfices" que cellesci avaient obtenu sans avoir à protester ou à manifester! Cependant, les rares militants pour la sauvegarde des droits de pêche sur la c6te nord-ouest poursuivent leur lutte, tte à être encore considérés par la majeure partie des "leaders indiens"comme des gêneurs représentant un frein à l'égard du "progrès" et des "bonnes choses à venirui Cet apathisme fut brusquement remis en cause et secoué par le grand évènement que fut la Marche des Peuples déshérités (pauvres): au début du printemps 68, le docteur Martin Luther King Jr. contacta plusieurs groupes représentatifs et suggéra cette ma~che vers la capitale. De nombreux Indiens acceptèrent l'invitation à une conférence et se rendirent donc à Atlanta afin de rencontrer les responsables organisateurs de la Marche. Quand le Dr. King fut assassiné, les préparatifs al laient bon train, et des moyens financiers pour la participation indienne avaient été trouvés. Une centaine' de représentants indiens se joignirent à la Marche, et une partie des manifestants se rassemblèrent devant la Cour Suprême pour protester contre les décisions prises au détriment des nations indiennes. Un "SIT-IN" fut organi.sé devant les bureaux:d'Udall, alors ministre, pour lui soumettre de nombreux problèmes qui paraissaient tout à fait résolvables ..•

jl

Le mouvement des années 60, relatif aux droits civiques, a profondément marqué les Indiens, et ceci, sur bien des points.L'évident succès des marches et manifestations organisées pour arracher un changement poli tique fut une révélation pour les jeunes Indiens, ces jeunes qui avaient vu pères et grand-pères se heurter en vain à l'énorme bureaucratie du gouvernement fé déral.

DROITS CIVIQUES La réalité fondamentale de la vie politique américaine -à savoir que sans argent ni force on ne peut rien faire bouger- fut contournée par les Indiens dès l'instant où se concrét:lsa leur mouvement pour les droits Civiques, et se dissipa en partie cette vieille peur de réprésailles qui , tout au long de leurs luttes antérieures, n'avait cessé de les tourmentér. Pourtant, cette idéologie des "droits civiques"était refusée par un grand nombre d'entre eux; c'est que dans le passé, ils avaient connu tant de trahisons politiques s'étant appUyées sur cette promesse d'égalité SOciale et légale. qu'ils en étaient arrivés à se méfier de toute proposition voulant les promouvoir au sein de la classe majoritaire! La SOLUTION FINALE des services fédéraUx envers les Indiens, projet qui hanta tout le siècle dernier, consistait justement à leur ~ctroyer des droits civiques, droi ts qui., les transformant en "ci toyens~' aboH raien t de fai t tous leurs droi ts garantis par les TRAITES •••


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.