Atikamekw Ojibwe

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Le soulèvement d'une grande partie des tribus de l'Est et des Grands Lacs organisé par le chef Shawnee Tecumseh et son frère "le Prophète" fut la plus grande et la dernière tentative des Indiens de résister à l'invasion de leurs terrains de chasse, ou de cultures, par les colons anglo-saxons. Cette révolte correspondit en partie à la guerre anglo-américaine de 1812, et elle se sanctionna, pour les Indiens, par un nouvel échec. Beaucoup de ceux qui avaient soutenu Tecumseh et les Anglais : Shawnee, Delaware, Pottawatomi, etc., passèrent des Etats-Unis dans le "HautCanada", future province d'Ontario. Le gouvernement britannique, comme il l'avait fait pour les Iroquois loyalistes après la guerre d'indépendance américaine, donna des territoires aux nouveaux venus, et il se produisit un nouveau brassage de populations.

"Obstacle au Progrès" D'abord considérés comme alliés et partenaires commerciaux, sur la base d'une exploitation des ressources brutes du pays et d'une occupation limitée par les Européens, les Indiens, devant les impératifs de l'économie capitaliste naissante et le principe puritain d'une "mise-en-valeur" par la culture du sol, furent de plus en plus considérés comme un "obstacle au progrès". Le passage du régime français au reglme anglais, au Canada, puis l'Indépendance amencaine en 1776 marquèrent un changement des rapports entre Blancs et Indiens. L'immigration s'accéléra dans l'Est à partir du début du XIXe siècle, aux EtatsUnis à un rythme plus grand qu'au Canada. L'éthique puritaine anglosaxonne qui animait ces nouveaux colons différait notablement de l'éthique catholique des pionniers français. Ceux-ci n'avaient jamais été plus de quelques milliers, mais la colonisation "à l'anglaise" allait se fonder sur une occupation intensive et extensive du territoire et une "mise-en-valeur" de celui-ci par les Européens. Telle fut aussi l'idéologie de la "conquête de l'Ouest" par les Américains. Dans cette optique, les Indiens, du point de vue des Blancs, n'étaient plus "rentables", ils ne leur "servaient" plus à rien. Le droit se plia alors à ces impératifs et dans la premlere moitié du XIXe siècle furent forgées des théories, toujours basées sur le message biblique, suivant lesquelles la 44

terre appartenait à ceux qui la mettaient en valeur, c'est-à-dire, suivant la conception protestante pré-capitaliste, à ceux qui la cultivaient. La "destinée manifeste" (manifest Destiny) des Indiens était qu'ils se civilisent, qu'ils adoptent la façon de vivre des Blancs, ou qu'ils disparaissent. Cette idée a teinté toutes les politiques indiennes des gouvernements responsables, amencains, canadiens et d'autres si l'on considère l'ensemble de l'Amérique, jusqu'à aujourd'hui.

Sous la férule missionnaire méthodiste La péninsule ontarienne est une régiontest où s'exprimèrent toutes les tendances de ces politiques. Jusqu'au traité de manitoulin en 1836, missionnaires protestants et administrateurs civils travaillèrent la main dans la main à l'élaboration et à la gestion des affaires indiennes au Canada. Il n'était pas question pour les pasteurs sévères en redingotes noires de chausser les mocassins, et la conversion des Indiens du Haut-Canada qu'ils entreprirent dès la fin du XVIIIe siècle n'était pas seulement religieuse mais concernait l'ensemble du mode de vie indigène. L'idée de conversion impliquait celle d'une reconversion économique, le passage d'une économie prédatrice à une mise-en-valeur du sol par la culture, le changement du mode de résidence temporaire, sur la base d'un nomadisme saisonnier, à un type de résidence sédentaire, etc.


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