Atikamekw Ojibwe

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AMITIE FRANCO - ATIKAMEKW A l'automne 1989, NITASSINAN recevait une lettre de Fabien RIBAUT, professeur de 5° année à l'école amérindienne de WEMOT ACI, Communauté Atikamekw: il nous demandait de l'aider à trouver une classe de correspondants en France afin de mener à bien un projet très cher à la petite équipe pédagogique qui, très vite, avait décidé que, subventions à l'appui, cet échange devrait déboucher sur un voyage de découverte à Paris -quelle aventure pour ces petits Atikamekw de 10/11 ans dont le milieu est la forêt Mère et le "bout du monde", La Tuque, la ville "voisine'" Rapprocher deux cultures, communiquer en français -langue apprise en classe-, développer une autonomie formatrice, et se dépayser aussi, pour des enfants qui, à l'adolescence, éprouvent quelques difficultés à se définir comme Atikamekw face à l'univers des blancs.

Réciproque, la Découverte En tant que responsable de Nitassinan et instituteur maître formateur, je vis là une Chance pour nos élèves de l'école d'application F. Coppée du 15° arrdt, la chance de pouvoir appréhender réellement une bonne partie de leur programme d'histoire-géographie en communiquant d'abord, en voyageant loin ensuite et, enfin, en vivant immergés dans un univers humain radicalement différent de leur douillet (?) quotidien parisien. Elèves d'une école ordinaire, ils étaient extraordinaires, comme tous les Enfants, et leurs parents, remarquablement éclairés, virent eux aussi la chance d'Apprendre qui se présentait et la saisirent pleinement.

Paris - \l\Iemotaci Au terme d'une année de correspondance très suivie (lettres, documents, dessins, cassettes, paquets-cadeaux), nos Amis de Wemotaci arrivèrent à Paris, en juin, pour une douzaine de jours. Emotion, cadeaux traditionnels apportés de la forêt Atikamekw (canots en écorce de bouleau, objets en cuir d'orignal, perlages ... ), grand coeur des parents parisiens qui surent très vite effacer la rigueur des murs de l'école parisienne en ouvrant grande leur vie de famille, puis en accompagnant efficacement le double groupe dans ses phases de découverte du formidable grand Paris. Du monumental historique ou moderne aux musées, en passant par les espaces verts des

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grands jardins, les actuels adolescents de Wemotaci doivent se sentir riches d'une belle gamme de souvenirs collectifs ou personnels Tour Eiffel, vedettes sous défilé de monuments, Cité des Sciences, Géode, Jardin des Plantes, Notre- Dame .... Première initiation, toute naïve, à "vivre dans le Bois", et exceptionnelle occasion pour les Parisiens d'apprendre à se prendre en charge et à vivre Ensemble, les quatre journées de campement dans le bois ... du Château de Crouy (Seine et Marne), paradis pour classes transplantées porté à bout de bras par l'adorable Gazelle, ont précieusement rapproché les deux groupes. Dès lors, malgré les changements de classe, nous DEVIONS aller à WEMOT ACI, nous y étions Attendus. Les parents parisiens s'organisèrent remarquablement -et courageusement, car sans aide aucune- et, malgré ma nomination dans mes Vosges natales, les enfants de Boucicaut-Convention purent voir tomber la première neige à Wemotaci , après un magnifique périple de trois jours en car : nuit collective dans le chalet forestier de TroisRivières, visite de Québec la colonisatrice restée amérindienne par la magnificence de ses galeries d'Art Autochtone, parcours de la Côte Saint-Jean, nuit à Pointe-Bleue et arrivée dans la Communauté de Wemotaci qui avait préparé un Repas Communautaire Traditionnel; à lui seul,il traduisait déjà ce que peuvent être l'accueil, les valeurs et l'économie Autochtones: orignal, caribou, ours, perdrix, lièvre, doré (sandre), truite grise, saumon, brochet, banique (pain amérindien) et tarte aux bleuets (myrtilles) ... voilà, tout simplement, ce que la Communauté nous avait cuisiné , Outre les activités manuelles traditionnelles dans l'école, notre visite -au Village des Hurons- à Diane Malec du Conseil Atikamekw-Montagnais et de la SOCAM, radio Autochtone diffusant sur une grande partie du Québec, nous avons surtout vécu plusieurs journées inoubliables "dans le bois", en des territoires de chasse et de trappe ancestraux, situés à plusieurs heures de piste du village. Impossible de restituer par des mots les multiples sensations ressenties en pleine forêt, dans des tentes dressées sur la neige mais copieusement chauffées de l'intérieur par des poëles et au parterre tapissé de ces branches d'épinettes si parfumées; couvés par des familles dans Leur Monde et baignées d'une profonde sérénité: leur sens de l'accueil, leur générosité de chaque instant, leur réceptivité, leur amour et leur disponibilité pour les enfants; la liberté de ceux-ci, mais aussi leur incroyable


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