Atikamekw Ojibwe

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- L'autonomie des bandes indiennes doit intervenir à deux niveaux. Le premier qu'on pourrait qualifier d'administratif et qui concerne le fonctionnement pratique des écoles (gestion, embauche et administration) est dans l'ensemble bien assumé par les conseils de bande. Le deuxième aspect, le moins évident et qui concerne le contenu des programmes, est souvent délaissé au profit du premier. C'est ainsi que dans de nombreuses écoles amérindiennes, les programmes du ministère québécois de l'éducation sont toujours en place malgré la forte volonté d'amérindianiser les systèmes éducatifs. Il y a toujours un manque de cadres amérindiens suffisamment formés et capables de concilier les programmes du ministère québécois avec la conservation des principes autochtones. - Il Y a encore dans les écoles un manque de matériel adapté à la population scolaire amérindienne. C'est ainsi que les manuels utilisés ne reflètent pas toujours le milieu de vie des enfants mais plutôt la société blanche québécoise. L'ensemble des concepts est différent et toutes ces valeurs véhiculées à l'intérieur de ces ouvrages ne correspondent pas toujours aux schémas conceptuels des Indiens.

certaines nations (Atikamekw, Algonquin, Cri, Montagnais, Naskapi) parler et conserver une langue maternelle tout en apprenant le français ou l'anglais, pour d'autres (Mohawk, Huron, Abénaqui, Micmac, Malécite), continuer à maîtriser ces deux langues tout en redécouvrant une langue oubliée. L'équation n'est pas toujours facile à résoudre. - Les parents ne sont pas toujours motivés car ils ne comprennent pas l'utilité d'envoyer leurs enfants dans des écoles qui oscillent entre deux cultures, surtout lorsque les souvenirs d'école de ces mêmes parents sont traumatisants. Si la réussite scolaire apparaissait comme une valeur positive à leurs yeux, les enfants ne seraient plus motivés à fournir des efforts nécessaires à cette réussite. - Le manque d'emplois à l'intérieur des communautés influence bien souvent l'étudiant dans son choix à continuer ou non ses études. - Les conditions matérielles de vie dans les communautés et la crise du logement ne permettent pas toujours aux étudiants de s'isoler et de réfléchir aux matières en dehors de l'école. Tous ces facteurs réunis font que très souvent, le jeune Amérindien se désintéresse de l'institution scolaire. II y a un fort taux d'absentéisme, des échecs importants, des retards et pour beaucoup d'entre-eux, le décrochage au bout du parcours.

Poursuivre des études

- Avec les prises en charge dans les écoles, ce sont quelques professeurs amérindiens qui ont pu s'intégrer aux équipes pédagogiques. Mais il reste encore de nombreux enseignants blancs qui travaillent auprès des Amérindiens. Ces derniers, malgré leur formation universitaire, ne sont pas toujours préparés à enseigner à cette population scolaire. II en résulte alors souvent un profond fossé entre l'institution scolaire et le reste de la communauté. - Subsiste encore aujourd'hui, le problème de la langue d'enseignement pour de nombreuses nations amérindiennes. Présentement, 61 % des Amérindiens et Inuit du Québec utilisent encore des langues vernaculaires et celles-ci sont en général enseignées dans les écoles. Cependant pour poursuivre des études à un niveau supérieur du système scolaire québécois (collèges professionnels ou universités), les jeunes doivent maitrÎser parfaitement le français, l'anglais ou les deux. Les étudiants se retrouvent donc face à un nouvel handicap: pour 12

Dans les réserves, l'école s'arrête bien souvent à la fin du primaire et pour certaines après le secondaire. Les jeunes doivent alors quitter les communautés pour se rendre dans les villes et s'intégrer au système scolaire des québécois. Les décrochages y sont encore plus forts car les étudiants doivent affronter le choc d'un déracinement culturel et familial, les établissements scolaires ne prennent pas toujours le temps de considérer ces minorités. Seuls, très souvent en situation d'échec, marginalisés, les jeunes se retrouvent encore plus vulnérables aux tentations de la drogue et de l'alcool. C'est ainsi qu'on tombe très vite dans le cercle vicieux du racisme et du mythe de "l'Indien alcoolique, bagarreur et fainéant". Ce mythe, on le retrouve hélas, dans presque toutes les sociétés à l'encontre des minorités ethniques isolées.


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