Sioux Lakota 7e génération

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dira Black Elk, quarante ans plus tard. Ce sont les actuelles réserves lakota de Pine Ridge, Rosebud, Cheyenne River, Standing Rock, Crow Creek et Lower Brûlé. Les années 1888, 1889 et 1890 connaissent des sécheresses catastrophiques. Des tempêtes de poussière détruisent les champs d'où les Indiens sont censés tirer leur subsistance. Les rations sont réduites. La famine réapparaît. Les Blancs accusent les Indiens de paresse. Certains pensent que ces épreuves sont nécessaires pour leur apprendre la dureté du travail et l'humilité. Dans ce malheur absolu, une lueur d'espoir apparaît. Dans les montagnes de l'Ouest, un Indien païute enseigne une cérémonie de danses et de chants qui doit faire renaître les morts, ramener les bisons dans les plaines et restaurer l'ancien mode de vie. Quand les Lakota en entendent parler, les Païute, les Shoshone, les Arapaho dansent déjà la Danse des Esprits. Les Lakota envoient deux émissaires pour rencontrer Wowoka, le prophète. Au printemps 1890, seuls quelques opposants déterminés dansent. Comme un feu de prairie, la danse se propage et l'espérance renaît. A l'automne, les trois-quarts des Lakota participent aux cérémonies. Ils dansent presque sans discontinuer, avec passion, comme s'ils voulaient hâter leur délivrance.

Wounded Knee , 1890 Les Blancs s'inquiètent. Armées par les autorités, des milices se forment et attaquent des rassemblements de Danseurs des Esprits. En décembre, l'armée investit Pine Ridge. Les Danseurs des Esprits se cachent dans des lieux secrets. Le 15 décembre 1890, sur la réserve de Standing Rock, Sitting Bull est tué lors une tentative d'arrestation par la police indienne. Le 17 décembre, plusieurs centaines de Minnecoujou conduits par le chef Big Foot partent en direction de l'agence de Pi ne Ridge, à 350 km au sud, pour se mettre sous la protection de Red Cloud. A la hauteur de Bridger, ils sont rejoints par une cinquantaine de Hunkpapa en fuite après la mort de Sitting Bull. Cimetière de Wounded Knee

Offrande devant le mémorial de Wounded Knee

Le 28 décembre, près de Porcupine, les fugitifs rencontrent, pour leur malheur, des éléments du 7 e de cavalerie, le régiment de Custer reconstitué. Les soldats emmènent les Lakota à W ounded Knee Creek. Le lendemain matin, on désarme les hommes. Un coup de feu est tiré accidentellement. C'est le signal du massacre. Les quatre mitrailleuses Hotchkiss abattent trois cents Lakota, surtout des femmes ct des enfants. Les morts, dépouillés de leurs vêtements, som jetés dans une fosse commune. C'est le dernier massacre, celui que les Lakota ne pourront jamais oublier. En janvier 1891, vingt-sept leaders de la Danse des Esprits dont Kicking Bear et Short Bull, sont gardés prisonniers à Fort Sheridan, Illinois. Ils sont libérés au bout de quelques mois à condition de s'engager dans

le « Wild West Show». L'un d'eux, Lone Bull, est kidnappé pour être montré dans un cirque. Durant sept ans, il sera exhibé dans une cage, enchaîné, désigné à la vindicte populaire comme ({ l'un des sauvages qui ont tué Custer ». Le public est invité à le lapider. L'une des pierres lui crèvera un œil. Les Lakota s'efforcent de survivre. Ils réussissen t à retarder les effets dévastateurs de la loi de Lotissement des Terres Indiennes de 1887 (Loi Dawes) qui partage les réserves en propriétés privées afin de faire des Indiens de petits fermiers. Ces terres doivent être gardées au moins vingt-cinq ans par leurs propriétaires. Mais dès 1906, l'autorisation est donnée aux Indiens de vendre leurs terres et le démantèlement des propriétés indiennes commence. La misère, la naïveté et la pression des Blancs sans scru-

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