La révolte du Chiapas

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Répression: témoignages et réactions sur place Nitassinan a retranscrit des extraits du film documentaire Acry for freedom and democracy réalisé du 7 au 15 janvier 1994 au Chiapas (Mexique) par le Center for Constitutional Rights. Oulre le contenu inestimable de ce film, il faut noter la collaboration étroite à laquelle il a donné lieu entre, notamment, Chicanos et Apaches des États-Unis et Indiens Mayas du Mexique. Ce film évoque surtout la répression àlaquelle sont soumises les populations indiennes et paysannes du Chiapas. Au centre de réfugiés de Don Bosco

Au cimetière d'Ocosingo

« Les riches n'ont aucun respect

« L'armée m'a obligé

pour nous. Beaucoup de civils sont morts. » « Nous sommes de la communauté de Los Banos. L'armée nous a expulsés. Ils (les soldats) ont menacé de nous tuer si nous ne ~ partions pas. )} « L'armée est arrivée, a cassé les portes, ils ont dit qu'ils cherchaient des armes. Ils ont menacé mon mari. » « L'armée a pris beaucoup de notes sur nous. Ils ont pris les noms des enfants. Ils ont emmené quelqu'un et on ne sait pas où. Maintenant, nous voulons savoir. »

Les bombardements de l'armée " Ici, il Y a beaucoup de pauvres. Tous vivent dans des maisons de fortune. Nous avions peur des balles. Une bombe est tombée près de chez moi. Je vis dans une maison de bois et de carton. Nous étions cachés comme des animaux sous les lits. Nous avions peur. rai perdu connaissance quand l'attaque a commencé. Je me suis cachée quatre jours avec mes enfants, sans manger. Nous avons fait beaucoup de sacrifices pour acheter notre terre, notre maison, alors je ne veux pas l'abandonner. C était un vrai cauchemar. »

à creuser une fosse le lundi 3 janvier. L'armée a fait un trou dans le mur d'enceinte du cimetière pour faire passer les cadavres sans que personne ne les voie. »

Les militants pour les droits de l'Homme « 14 cadavres ont été trouvés dans ce bus. Les civils tués par balles sont considérés par l'armée comme des victimes des Zapatistes, tuées par des balles perdues. Mais il y a près de ce bus des choses qui n'appartiennent pas à des guérilleros. » «Amnesty international a annoncé le 25 janvier avoir dénombré 100 cas de rortures, 2 viols et 15 exécutions extrajudiciaires. » « Les groupes de militants des ONG du pays et des États-Unis estiment que les Droits de l'Homme ne sont plus garantis ici. Nous manifestons en direction du village d'Ocosingo pour protester contre les violations des Droits de l'Homme à l'encontre des populations civiles. Des localités ont été bombardées. L'armée a imposé un blocus et empêche la libre circulation. Elle maintient la population dans l'isolement, ce qui provoque une profonde inquiétude chez les personnes qui ont perdu des membres de leur famille. »

Les disparitions « Quelqu'un du village m'a dit: Ils ont emmené votre mari! Je

n'avais pas eu le temps de rentrer à la maison, mais je les avais vus s'entèrmer. Ensuite, je ne sais pas où ils l'ont emmené. rai essayé de lui apporter de la nourriture. Mais personne ne veut me dire où il est maintenant. )}

À la clinique d'Ocosingo {( Ils ont tué deux Zapatistes puis ils sont entrés par la fenêtre de la clinique. Ils ont séparé des autres ceux qui avaient des documents d'identité. Il y avait beaucoup d'Indiens: des malades et leurs familles. Les soldats les ont mis à part. Les infirmières ont protesté. Mais ils ont dit simplement: Ce sont des Indiens! Alors deux malades indiens, atteints de tuberculose, ont été criblés de balles dans leurs lits. Ils di-saient que c'étaient des Zapatistes, mais ce n'étaient pas des Zapatistes. Onze personnes ont été abattues dans la clinique. »

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Dans la ville d'OxhucLe 12 janvier 1994, le gouvernement mexicain permet à des groupes de défense des Droits de l'Homme d'entrer dans la ville d'Oxchuc pour une durée limitée à une heure et demie. Ils recueillent des témoignages: « Nous devons envoyer des messages. Nous sommes complètement isolés. L'eau manque et nous risquons de mourir de faim. Les gens veulent acheter du maïs, du sucre, du lait, du sel, mais il n'y a plus rien! » {( La population a beaucoup souffert. Nous n'avons plus de médicaments au dispensaire. Nous craignons des épidémies. »


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