La révolte du Chiapas

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Chronologie des événements 30 décembre 1993· Un groupe armé investit le village de San Miguel. 31 décembre 1993 . Des groupes armés bloquent la route vers Ocosingo. 1er janvier 1994 . Des centaines de personnes, principalement des Indiens, prennent la ville de San Cristobal de la Casas par les armes, ainsi que les villages de Las Margaritas, Altamirano, Ocosingo et Chanal. L'Armée zapatiste de libération nationale (EZLNl déclare la guerre à l'a[mée mexicaine et expose les raisons de sa rébellion dans un communiqué de presse : elle demande un gouvernement de transition pour rendre possible une véritable démocratie dans le pays. Dix lieux publics et quatorze habitations privées sont mis à sac à Oxchuc, à 36 km de San Cristobal. 2 janvier. L'EZLN libère 179 prisonniers de la prison d'Ocosingo et séquestre le général Absalon Castellanos, ex-gouverneur de l'État du Chia pas. L'évêque de San Cristo bal, Samuel Ruiz, se propose comme médiateur dans le conflit. 3 janvier. L'EZLN abandonne les municipalités de Oxchuc et de Abasolo après avoir incendié les bâtiments officiels. Des affrontements ont lieu à Chapa de Corzo, à 16 km de Tuxtla Gutierrez, capitale de l'État du Chiapas et à Ocosingo. Soixante-quatre membres de l'EZLN et trente civils sont tués par l'armée mexicaine. Un journaliste est tué par balle. Le président du Mexique, Carlos Salinas, reconnaît qu'il y a au Chia pas d'importantes inégalités sociales et assure que le gouvernement recherche le rétablissement de la loi, le dialogue pacifique et la défense des droits de l'Homme. Les partis politiques mexicains se prononcent de façon générale contre l'utilisation de la violence. 4 janvier. L'armée mexicaine envoie 10 000 soldats dans la zone de conflit et bombarde une dizaine de villages. Des affrontements ont lieu à Ocosingo, on y retrouvera cinq cadavres de membres de l'EZLN. Après les bombardements, l'Église dénombre 400 morts. Le gouvernement n'en reconnaît officiellement que 93. Samuel Ruiz appelle à la trêve et réclame que la sécurité soit garantie aux populations

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civiles. Les troupes gouvernementales reprennent San Cristo bal, Ocosingo, Las Margaritas et Altamirano et dénoncent la présence de Salvadoriens et de Guatémaltèques parmi les rebelles.

5 janvier· 70 tanks sont envoyés dans la zone de conflit. L'armée mexicaine conti· nue de bombarder le sud de San Cristobal. Cinq civils, dont une fillette de huit ans, sont tués dans une embuscade de l'armée. Le syndicat indépendant des ouvriers et paysans (CIOAC) dénonce la détention de 5 de ses responsables par l'armée mexicaine. 6 janvier· La population chamula de Tzontehuitz est bombardée par huit avions. Le Président Salinas déclare la guerre aux « ennemis du Mexique» et accuse l'EZLN d'être une organisation infiltrée par l'étranger. L'allocution présidentielle est suivie de bombardements dans les centres urbains. L'EZLN n'accepte pas les conditions de

« concertation» que propose le gouverne-

ment et expose ses conditions pour l'ouverture du dialogue: reconnaissance .de l'EZLN comme force belligérante, cessezle-feu bilatéral, retrait des troupes fédérales hors des communautés indigènes, respect de la population civile et des Droits de l'Homme, arrêt des bombardements sur les villages.

7 janvier. Des affrontements se produisent à Navenchauc, à 60 km de San Cristobal. Sept soldats sont tués. Trente deux membres de l'EZLN sont détenus au secret et battus. Les cadavres des insurgés sont inhumés avec l'épitaphe « inconnu ». On ne connaît pas le nombre des prisonniers zapatisres. Ils sont isolés et torturés. Les bombardements continuent dans la périphérie de San Cristobal. Le Comité

clandestin révolutionnaire indien (EZLN) demande un dialogue public avec le gouvernement et la médiation de Rigoberta Menchù, de Julio Shere (directeur de la revue Processo) et de Samuel Ruiz. Une manifestation de soutien à l'EZLN rassemble 10 000 personnes à Mexico.

12 janvier· Soixante mille personnes manifestent dans la capitale pour exiger l'arrêt du massacre. Le Président Salinas ordonne le cessez-le-feu. Le gouvernement reconnaît l'EZLN comme interlocuteur et Samuel Ruiz comme médiateur. L'EZLN dénonce la violation du cessez-le-feu à Ocosingo. 17 janvier. Des observateurs recueillent des témoignages accablants du non respect des Droits de l'Homme par l'armée. La pénurie alimentaire sévit. Pour identifier les combattants zapatistes et faire pression sur les familles, les autorités pratiquent un chantage à la distribution de vivres: les femmes qui se

présentent seules se voient refuser l'aide alimentaire. Les hôpitaux, considérés comme des « repères de zapatistes » sont interdits d'accès.

21 janvier. Le sous-commandant Marcos et le médiateur du gouvernement, Manuel Camacho échangent messages et communiqués apaisants. L'EZLN réitère ses revendications: « Nous nous battons pour obtenir ce que réclament les Indigènes du Chiapas et du Mexique: des terres pour tous, des logements dignes, du travail, la santé pour tous, une bonne alimentation, le droit à l'éducation, la démocratie, l'indépendance, la paix et la justice ... ». 22 janvier· La chambre des députés mexicaine approuve, à l'issue d'un débat prolongé, la loi d'amnistie proposée par le


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