La révolte du Chiapas

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Rassemblement d'Indiens Tojolobol dons le Chiopas.

Les peuples indigènes ont besoin d'espace, de beaucoup d'espace, un million d'hectares de terre ou davantage, de forêt, d'eau, d'air et de ciel, vierges de toute intervention étrangère et technologique, au sein desquels ils puissent vivre selon leur choix. Or, il n'y a plus beaucoup d'espaces vierges. Il faut donner des terres aux paysans et les protéger contre les puissances économiques, telle business agro-alimentaire étranger qui a submergé Haïti, transformant tout un mode de vie et obligeant les gens à prendre la mer dans des bateaux percés. Le Mexique, les États-Unis et les autres nations qui ont des activités au Mexique ont les moyens d'une telle politique et ne peuvent plus se permetrre d'en faire l'économie. Au lieu de couper des arbres, d'exploiter le pétrole, de chasser les peuples indigènes de la terre pour les remplacer par du bétail destiné au marché, l'assistance étrangère doit protéger et soutenir le droit des Indigènes à choisir dans le calme et la dignité entre leur culture ancestrale et l'intégration, ou l'assimilation, à la nouvelle technologie dominante. Aujourd'hui au Chiapas, la grande majorité des gens ne dispose ni d'eau potable, ni de nourriture suffisante, ni d'un logement décent, ne sait lire ni l'espagnol ni sa langue d'origine, n'a pas l'électricité, pas accès aux soins, meurt jeune et souvent dans la souffrance. Les

Maya Lacandon de l'Est du Chiapas, qui édifièrent l' « Athènes» de l'empire maya et ces incroyables peintures murales de Bonampak, n'ont jamais été conquis par Cortez. Seuls quelques centaines d'entre eux ont survécu jusqu'à nos jours. La grande forêt tropicale au sein de laquelle ils ont -'vécu durant des millénaires, poumon vert offert par la nature, l'un des derniers qui nous reste, est en train de s'écrouler au profit des affairistes de la tronçonneuse. On , doit apporter un soutien aux métis et à tous les pauvres du Mexique afin de leur garantir les droits fondamentaux à la nourriture, à l'eau potable, à la santé, à un logement décent, à de véritables écoles et à l'enseignement s~périeur, à la non-discrimination, à l'égalité des chances, à ce que la police les protège au lieu de les brutaliser.

« La paix, c'est le respect des droits d'autrui. » Le Mexique et le monde entier doiventrelever un grand défi: entendre cet appel des Zapatistes et y répondre humainement, être reconnaissants aux gens courageux qui ont poussé ce cri et les respecter en conséquence. Peu nombreux sont ceux qui ont pris la peine ou le risque de se montrer l'ami des Indiens du Mexique. Le premier était un prêtre européen ordonné dans l'hémisphère occidental, qui devint plus tard évêque du

Chiapas. Adolescent, il vit Christophe Colomb accompagné de sept Indiens, à Séville en 1493, et son père navigua avec Colomb lors de son second voyage. Bartolomé de las Casas devint l'homme le plus haï des Espagnols dans les Amériques parce qu'il défendait la cause des «Indios» (4). Aucun leader religieux ne prit jamais de position plus ferme, plus isolée en faveur des Indiens. L'évêque actuel du Chiapas, Samuel Ruiz, est un grand défenseur de la cause indienne. Avec un soutien mondial, il peut poursuivre l'èngagement du grand Las Casas et gagner l'amour de l'humanité entière. Lorsque le gouvernement du Mexique a offert aux Nations-Unies son message adressé au ma'nde, il a choisi les paroles d'un Indien Zapotec de pure souche qui avait été Président de son pays. Ces mots de Benito Juarez sont sculptés dans un roc prélevé dans les montagnes mexicaines et qui trône à l'entrée du siège de l'ONU. li Yest écrit: "La paix, c'est le respect des droits d'autrui». Un message pour le Mexique et pour le monde entier. Cet article de Ramsey Clark est paru tians Crazy Horse Spirit, publication du Leonard Peltier Defense Committee (Février 1994). Traduction: Barbara Pagel (I) En anglais: North American Free Trade Agreement (NAFTA) (2) En espagnol dans le texte (3) Cri de douleur (4) Terme péjoratif désignant les Indigènes de l'Amérique devenue« latine ».

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