La révolte du Chiapas

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; Tierra y libertad !

La révolte maya du Chiapas le ,er janvier '994, des Indiens maya regroupés au sein de l'Armée zapatiste de libération nationale (ElLN) se soulèvent et prennent, les arm,es àla main, plusieurs villes de l'Etat mexicain du Chiapas. les insurgés, se rédamant des idéaux prônés par Emiliano lapata lors de la révolution mexicaine de 1910, revendiquent le droit àla terrer. àla dignité et àla démocratie, pour eux-mêmes et pour le peuple mexicain tout entier. les Indiens maya (Tzotn1, Tzelta~ Tojolaba~ Chontal et lacandon) constituent le quart de la population du Chiapas. C'est sur le travail et la servitude de ces Indiens, expropriés de leurs terres depuis la colonisation, que repose l'exploitation des richesses locales. la réforme agraire, pour laquelle s'est batt~ l~pata et qui n'ajam~is. été menee a terme dans celte reglon, menace d'être définitivement enterrée par l'e.ntrée en vigueur de l'Accord de libre Echange Nord-Américain. les organisations indigènes ayant tenté, sans succès, toutes les voies pacifiques pour obtenir la prise en comp-

MER DES CARAïBES

~ Armée zapatiste de

~ libération nationale ~ Guérilla guatémaltèque

!.:.::;;J

oCÉAN PACIFIQUE

(URNG)

te de leurs revendications, un certain nombre d'entre elles ont décidé de fendre les armes. Àceux qui leur rfJl'ochent d'avoir recours àla violence, le sous-commandant Marcos répond au nom de l'EllN : {{ C'est à cause de la violence institutionnelle qu'on meurt du choléra, du paludisme . ou de la rougeole. C'est à cause de la violence institutionnelle que les Droits de l'Homme sont constamment bafoués par l'armée. la violence, c'est

la faim et la misère auxquelles Salinas a condamné le pays et qui nous ont poussé à cette attitude extrémiste ». les échos de cette révolte résonnent dans tout le continent américain. Depuis la campagne des c( 500 ans de résistonce inolenne, noire et popuIai'e ", les Premières Nations ont décidé de rfJl'endre en main leur destinée. (1J Interview pMée ptI1le ~tiIien mexicain la Jordana

dont des extraits IIIIt été publiés e/I ~ais Jons Libération Ju 6/1/94.

Paysage économique et social Le Chiapas est une province très contrastée. Malgré la richesse de ses ressources naturelles, la majorité de ses 3 210 500 habitants vit dans la pauvreté. Plus d'un tiers des foyers ne dispose que d'une seule pièce où vivent plus de cinq personnes. Bien que le Chiapas fournisse 30 % de l'eau de tout le territoire naticnal, moins de 57 % des habitants dispose des installations d'adduction d'eau. Sur environ 854 000 personnes actives, 59 % perçoit un salaire inférieur ou égal au salaire minimum (4 dollars la journée), 21 % perçoit un salaire deux fois supérieur au salaire minimum, 18,7 % un salaire deux à dix fois supérieur au salaire minimum et seulement 1,3 % perçoit un salaire supérieur à dix fois le salaire minimum.

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Le sous-sol regorge de pétrole et de gaz naturel: 21 % de la production nationale de pétrole et 47 % du gaz naturel sont extraits dans la province du Chiapas. En 1990, le Chiapas produisait 55 % de l'électricité nationale. Pounant, un foyer sur trois n'en bénéficiait pas. Le Chiapas est aussi le deuxième producteur de malS et le premier producteur de café du pays. La chute des cours mondiaux du café a obligé des centaines de paysans à émigrer vers d'autres régions en quête d'une autre source de subsistance. La chute du prix des bananes a encore aggravé le chômageetl'exode rural. En ce qui concerne l'éducation, près de 60 % des enfants ne sont pas scolarisés. Une infime minorité de ceux qui le sont poursuivront

leur scolarité au-delà de l'école primaire. Seulement 1,12 % de la population active possède une qualification professionnelle. Au Chiapas, le taux d'analphabétisme est trois fois supérieur à celui de l'ensemble du pays. Le taux de mortalité est resté le même qu'il y a quarante ans. Les principales causes de mortalité sont les infections intestinales, respiratoires et la malnutrition. Les populations indigènes sont les plus vulnérables à la maladie et les cas de tuberculose sont beaucoup plus nombreux que dans le reste du pays. La situation politique de la Province est extrêmement instable. Au cours des deux demières années, 23 présidents régionaux se sont succédés, démissionnant les uns après les autres. Sources: Diverses ONG mexicaines Traduction: Anna Gonzalez


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