Quel avenir pour le peuple innu ?

Page 6

Brésil

Dernier massacre à la centrale hydro-électrique Les Indiens Ava-Canoeiro sont menacés d'extinction par la construction de la centrale hydroélectrique Serra da Mesa, dans l'État de Goias, au Brésil. Le lac artiftciel, nécessaire au fonctionnement de la centrale, doit inonder 200 km 2, dont 10% du territoire des Indiens ava-canoeiro, qui n'ont que très peu de contacts avec le monde extérieur. Les travaux sont en cours, sans que le Congrès ait donné son aval, ce qui constitue une violation de la Constitution. La population ava-canoeiro comprenait à l'origine 2000 personnes, dont douze seulement ont survécu aux différents massacres perpétrés depuis le XVII' siècle, le dernier qui fut enregistré datant des années 1960. Les Indiens vivent dans cette région, retirés du monde, sans aucun échange avec la société dominante. Cependant, l'entreprise de construction les a obligés, à plusieurs reprises, à se déplacer. On leur a réservé un territoire plus sec, aux conditions climatiques difficiles, moins adapté à leur mode de vie, et déjà occupé par 64 squatters, sans réussir toutefois à les y amener. Si l'on détruit leur environnement, ils disparaîtront irrémédiablement.

Chercheurs d'or et malaria La Fumas S.A., chargée de la construction de la centrale hydro-électrique Serra da Mesa, n'ayant pas procédé à l'assainissement du territoire devant servir au lac réservoir, la décomposition des arbres et de la végétation après inondation provoquera la prolifération de moustiques, et le développement de maladies telles que la malaria. Par ailleurs, la FUNA!, organisme gouvernemental chargé de la protection des Indiens, et la Fumas prévoient une invasion massive du territoire par de nombreux chercheurs d'or, comme celle que connaît actuellement le territoire yanomami. Le risque d'extinction des Ava-Canoeiro est réel; leur survie a constamment été mise en danger lors des contacts avec le monde extérieur. Les travaux ont déjà bien avancé: le lac artificiel est entièrement délimité et la société espérait remplir le lac réservoir en octobre 96. La mise en route des premières turbines est prévue pour mars 1998. Cependant, le consortium se trouve confronté à deux problèmes majeurs, d'ordre financier d'une part et d'ordre légal d'autre part. En effet, la Banque l\ationale, responsable d'une partie du financement, a fait faillite suite à des

4

malversations financières et à des problèmes de corruption. La banque n'ayant pas trouvé de repreneur, l'État brésilien devra fournir 100 millions de dollars pour sauver la centrale. Par ailleurs, les travaux ont commencé avant que la Furnas ait obtenu toutes les autorisations légales. S'ils sont approuvés par le Comité de défense des droits des consommateurs, de l'environnement et des minorités - dépendant de la Chambre des députés - ils devaient également être soumis, avant le premier octobre 96, à l'autorisation du Comité sur la constitution et la justice, à l'Assemblée nationale et au Sénat, ce qui n'a pas été le cas. D'autre part, le site de construction comprenant une partie des territoires indiens, et la centrale ayant des conséquences néfastes sur l'environnement des États de Goias et de Tocantins, l'autorisation du Congrès s'avère indispensable. Les travaux ont commencé sans l'obtention de ces autorisations, considérées par la Fumas comme de simples formalités, le souci premier de l'entreprise étant de terminer les travaux à temps. Le Congrès n'a pas réagi, de peur d'affecter les élections municipales de septembre dernier.

Au mépris des lois et de la Constitution C'est alors que les États de Goias et de Tocantins ainsi que le ministère public ont déposé une plainte, suite aux irrégularités apparaissant dans le rapport sur l'environnement : il n'y a aucune possibilité de contrôler les dommages éventuels causés par la centrale. D'autre part, le C!M! (Conseil !ndigéniste Missionnaire) dénonce l'absence d'autorisation du Congrès. Le juge fédéral Marcelo Dolzani da Costa a donc décidé, le 30 septembre 96, de sus-

pendre l'ensemble des travaux. Fort de ce succès, le C!M! et d'autres organisations de soutien aux Indiens cherchent à obtenir de la Furnas qu'elle respecte le jugement, que l'on apporte les solutions nécessaires aux problèmes détectés et que le consortium attende la décision finale du Congrès avant de reprendre les travaux. Nul ne peut ignorer la Constitution, fait remarquer le C!Ml. Si la Furnas continue les travaux au mépris des lois et de la Constitution, ce cas sans précédent fera jurisprudence. Le gouvernement se trouve désormais confronté au dilemme suivant : laisser faire la Furnas ou faire respecter la souveraineté du Congrès et la Constitution. Niva Fa/cone et Marine Le Pu loch Sources: CIMI (Conseil lndigéniste Missionnaire) : " Seror de Solidariedade Projero '0 Mundo Que Nos Rodeia' "

Démarcation au Ceara Les Indiens du Ceara se sont réunis à Maracanau, sur la terre sacrée des Pitaraguy, du 25 au 27 octobre derniers, pour la seconde assemblée des chefferies indigènes du Ceara, dans t'État du Nordest au Brésil. Une centaines de personnes étaient présentes, représentants des peuples genipako-kanindé, kalabaça, kanindé, pitiguary, potyguara, tabajara, tapeba et tremembé d'Almorala. Les discussions ont porté sur les modifications du décret 22/91 qui prévoit la démarcation des terres indigènes, et sur la loi PEC /33 : 92 qui, si elle est votée à l'Assemblée, abolirait les droits des Indiens protégés jusque-là par la Constitution. Les chefs du Ceara font appel à l'aide internationale ; adressez vos lettres au ministre de la J ustice : IIImo Sr. Nelson Jobim, Ministro da Justiça, Esplanada dos Ministérios, Brasilia OF. Brésil.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.