92, quelle "découverte" ?

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lLA " DECOUVERTE" , SES GENOCIDES publié par "Akwesasne Noies", volume 22/3 (Laie Summer 1990) Traductions de Marc SCROIT, Catherine LEIERRIER, Simone PELLERIN et Mariane et Jean-Claude KAPP,

Ils se précipitèrent pour les accueillir Des hommes et des femmes Arawak, nus et bruns, et remplis d' émc:!rveillement, quittèrent leurs villages pour les plages de l'île, et se jetèrent à l'eau pour voir de plus près l'étrange gros navire ... Quand Colon (Colomo, Colomb) et ses marins débarquèrent, armés de leurs épées, parlant leur étrange langage, les Arawak se précipitèrent pour les accueillir, leur apportant de la nourriture, de l'eau, des cadeaux. Plus tard, il écrira ceci: "Ils nous apportèrent des perroquets, des ballots de coton, des javelots et bien d'autres choses, qu'ils échangèrent contre des perles de verre et des grelots. Ils échangèrent de bon coeur tout ce qu'ils possédaient. Ils étaient bien bâtis, avec des corps harmonieux et des visages gracieux (... ) Ils ne portent pas d'armes -et ne les connaissent d'ailleurs pas, car lorsque je leur ai montré une épée, ils la prirent par la lame et se coupèrent, par ignorance. Ils ne connaissent pas le fer. Leurs javelots sont faits de roseaux. Ils feraient de bons serviteurs. Avec cinquante hommes, on pourrait les asservir tous et leur faire faire tout ce que l'on veut." Ces Arawak des îles Bahamas ressemblaient fort aux Indiens du Continent qui étaient "remarquables -comme le répétèrent de nombreuses fois les visiteurs européens- pour leur sens de l 'Hospi tali té et du Partage. Ces traits n'apparaissaient guère dans l'Europe de la Renaissance, dominée qu'elle était par la religion des papes, le gouvernement des rois, et la frénésie de l'argent qui marquèrent la civilisation occidentale et son "premier émissaire vers les Amériques", Cristobal Colon. Il écrivit: "Dès que j'arrivaii aux Indes, sur la première île que je rencontrai" je m'emparai par la force de quelques indigènes, afin qu'ils apprennent et puissent me donner des renseignements sur tout ce qu'on pouvait trouver dans ces régions."

"Où est l'or ?" Le renseignement qui obsédait Colon était "où est l'or 7". Il avait persuadé le roi et la reine d'Espagne de financer une expédition vers les terres et les richesses qu'il comptait bien trouver de l'autre côté de l'Atlantique -les Indes, l'Asie, et l'or et les épices. Car, comme bien des gens instruits de son temps, il savait que la Terre est ronde et qu'il pouvait naviguer vers l'Ouest pour atteindre l'Extrême-Orient. L'Espagne -l'un de ces tout nouveaux états-nations comme la France, l'Angleterre ou le Portugal- venait de réaliser son unité. Sa population, constituée principalement de paysans pauvres, travaillait pour la noblesse qui représentait 2% de celle-ci et possédait 95% des terres. L'Espagne venait de se lier à l'Eglise catholique, expulsant tous les Juifs et chassant tous les Maures. Comme d'autres états de ce monde moderne, l'Espagne était en quête d'or, cet or qui devenait le nouveau symbole de la richesse, plus utile que la terre elle-même, parce qu'il permettait d'acheter n'importe quoi. Il y avait de l'or en Asie, et certaines soieries, et des épices, pensait-on, car, des siècles auparavant, Marco Polo avait rapporté des choses merveilleuses de ses expéditions lointaines. Maintenant, que les Turcs avaient conquis Constantinople et la Méditerranée 3


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