Peuples indiens de "Guyane française"

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L'ECOLE Les étapes de la francisation aussi bien à Camopi qu'à Trois-Sauts, ont été fondées sur une tentative de scolarisation à l'occidentale qui se trouve totalement inadaptée dans un contexte guyanais où Emerillon et Wayampi, bien que l'acceptan,t a priori dans un premier temps, ne la. voulaient pas obligatoire. En effet, que reste-t-i1 de notre école sans l'''ob1igation scolaire" qu'elle implique? Alors on astreignit les Amérindiens à une présence quotidienne qui allait à l'encontre de cette liberté traditionnelle qui est si importante pour eux. Cette scolarisation abandonnait complètement la langue maternelle des élèves pour ne plus leur apprendre que le français et, par le biais de cette langue, leur inculquer les valeurs d'une société dont ils ignorent les fondements. Il va sans dire que les instituteurs en "mission" n'ont nullement reçu une formation spécifique leur permettant de tenter la mise en place d'une scolarisation et d'une pédagogie adaptée.' Entre 1971 et 1976, des expériences ont été esquissées qui prenaient en compte les moeurs et les rythmes de la vie amérindienne; on avait décidé de conserver la langue originelle et de considérer le français comme une seconde langue -culturellement comme langue étrangère-, d'oublier "Nos ancêtres les Gaulois" et de respecter la tradition autochtone avec son histoire, ses contes etc ..• , Malheureusement, pour plusieurs raisons,cette tentative fort méritoire menée par F. Grenand et E. Navet n'a pu s'imposer: isolement total, car l'Education nationale n'apporta aucun soutien; incompatibilité, même dans ces conditions, entre la rig~eùr de la discipline scolaire et les habitudes naturelles des Emeri1lons-Wayapi. Il en résulte que les Indiens de Camopi ne parlent toujours pas le français bien que certains instituteurs leur aient, méthode désastreuse, inter dit l'emploi de leur langue maternelle à longueur de journées et de mois! Un projet extrêmement réaliste est proposé par les ethnologues, afin que soit enfin dispensé un enseignement adapté et disposant de moyens suffisants; mais cela ne doit p~s faire partie des projets urgents de l'administration de Cayenne ••• Il serait temps néanmoins de mettre un terme à une situation dont les Indiens font les frais depuis longtemps déjà. Car il est évident que l'obligation sco~aireconcentre et fixe ces populations aux abords de l'école et de l'agglo mération, ce qui leur interdit de perpétuer leur culture, dans la mesure où elle est totalement incompatible avec une longue sédentarisation.

,L'EGLISE Si les habitants de Carnopi et de Trois-Sauts sont menacés par ces tentatives d'''apprentissages coup de poing" à l'occidentale, ils le sont également par l'Eglise qui n'est pas en reste: des curés ont essayé de mobiliser de jeunes Indiens afin'de mettre un terme à cette "sauvag-erie" et d'inculquer enfin les croyances inhérentes à "La Religion" ••• Ce comportement des gens d'église méconnaissant et repoussant devant eux les cultures amérindiennes est encoré, grotesque anachronisme, tout à fait répandu aujourd'hui. Suite à l'impOSSibilité rencontrée de rassembler toutes ces futures oua!lles en une foi commune, les curés prati un pressant porte à porte; celui-ci a da se monter tout aussi innefficace, puisque, les religieux ayant beaucoup de pouvoir en Guyane, une ég1is est prévue dans le prochain plan de construction à Camopi ••• Il va sans dire que, le curé et le

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