Les Peuples Apache, Navajo, Hopi

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"SOLEIL HOPI"

autobiographie d'un Indien Hopi, par Don C.Talayesva Editions Plon - Collection Terre Humaine -

Don Talayesva a écrit son autobiographie à la fin des années trente;c'est une époque où l'intérêt suscité par les Indiens grandit chez les anthropologues américains et où ceux-ci cherchent à recueillir ce qui leur semble être les derniers souffles de la vie indienne traditionnelle. Pour les Hopis, c'est en vérité une époque critique. Jusqu'au début du vingtième siècle, ils ont su se protéger de l'influence américaine. Leurs contacts très anciens avec les Espagnols (16e siècleJ, et leur révolte de 1680 par laquelle ils rejetèrent les missionnaires,

leur donnèrent une expérience leur permettant de résister à l'avancée de la

civilisation occidentale. Mais au début de ce siècle l'influence américaine va finir par pénétrer les villages et diviser les HOpis en deux fractions qui deviendront rivales

les uns "friendlies",

les a.utres "hostiles" aux blancs.

Talayesva, né en 1890, connait dès son enfance cette ambiance de division et de déchirement du groupe. Sa naissance est particulière car il est la symbiose de deux jumeaux garçon et fille rassemblés par le shaman sur la demande de sa mère. Ceci lui donnera un pouvoir particulier de guérisseur et fera de lui un enfant dont la conduite sera peu ordinaire et l'éducation "difficile". A l'age de neuf ans, comme les autres garçons, il est initié, et cela le rendra désormais plus "raisonnable". Sa génération est la première à être scolarisée de force par les missionnaires, et la gouvernement tente d'obtenir par tous les moyens L'assentiment des parents (offres de cadeaux, d'argent ... J.

Talayesva, curieux, va de lui-même à

l'Ecole, où il découvre les manières des Blancs et reçoit ce vernis conforme à

la volonté des missionnaires. "C'était une grande joie de rentrer, de revoir les miens et de raconter mes expériences à l'école ... je savais dormir dans un lit, prier Jésus, peigner mes cheveux, manger avec un couteau et une fourchette et me servir des cabinets ... J'avais aussi appris que ce n'est pas convenable d' aller nu devant les filies ni de manger les testicules de mouton. Et puis j'avais appris qu'on pensait avec sa tête et pas avec son coeur". Malgré tout, devant les difficultés matérielles que vivre en Hopi supposait, il est tenté par le monde Blanc. C'est alors que, atteint par une très grave maladie et sombrant dans un profond coma, une vision lui vient dans laquelle son esprit tutélaire l'incite symboliquement à revenir à la vie Hopi traditionnelle.

Il retourne au village et participe de nouveau aux cérémonies ri-

tuelles. "J'avais appris une grande leçon: je savais que les rites qui nous étaient transmis par nos pères signifiaient la vie et la sécurité maintenant et pour

l'aven~r.

( ... J J'étais heureux à présent d'être Hopi et

n'aurais plus Jamais honte d'être Indien à peau rouge." Ce témoignage

est plein de vie; il nous décrit du dedans et comme un

ensemble vivant gouverné par une harmonie interne une société traditionnelle qui est confrontées à de profondes mutations; à ce titre il est d'une grande valeur et figure parmi les ouvrages consacrés à la vie indienne. Hubert Godefroj{

7 .)

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