Mexique : Autonomie indigène

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Le 1" janvier 1994, le monde entier a été réveillé par un cri, lancé depuis les montagnes du Sud-Est mexicain, par les insurgés maya du Chiapas. Les Amérindiens regroupés au sein de l'Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) diffusaient aux quatre vents un Ya Basta ! (Ça suffit !) à la mondialisation, à l'exclusion, à la mort. Ce soulèvement mené par les survivants de 500 ans de colonisation a fait couler beaucoup d'encre. De nombreux journalistes, analystes, écrivains, voyageurs, tiers-mondistes, universitaires, révolutionnaires de tout poil se sont penchés sur cette nouvelle guérilla, qualifiée de "première guérilla du XXI' siècle". Les zapatistes ont offert le mystère de leur masque à l'opinion publique internationale pour toute réponse. On les a vite qualifiés de castristes, de guevaristes, de maoïstes, d'anarchistes, de réformistes, d'indigénistes, etc. Mais l'EZLN n'est rien de tout cela, ou peut-être tout à la fois. Cette armée est issue du métissage de la résistance cinq-centenaire des indigènes et de la lutte des pauvres pour une véritable démocratie et contre la marginalisation. Ce mouvement politico-militaire a surpris

par ses actions, par ses propos et par sa structure. Il est rare de voir une guérilla interrompre les combats quinze jours après le début des hostilités pour se mettre aux ordres de la société civile. Dans l'un des communiqués de l'EZLN on peut lire: « Nous autres, nous avons un beau jour décidé de devenir des soldats pour qu'à l'avenir les soldats ne soient plus nécessaires. » Bien que les revendications de l'EZLN dépassent largement le cadre des doléances indigènes et paysannes sur la question de l'identité et des terres, il fàut souligner que les Maya sont majoritaires à la tête du mouvement. Aujourd'hui, le seul accord passé avec le Gouvernement mexicain porte sur la question indigène et notamment sur le concept d'autonomie des communautés. Cet accord, concernant 56 ethnies, signé dans le village de San Andrés, est la pierre angulaire de la construction de la paix au Chiapas et dans le pays tout entier. La problématique autochtone ne s'exprime en etIer pas seulement au Chiapas. Derrière l'EZLN, il y a plus de Il millions d'indigènes, auxquels il faut ajouter des millions

et à travers le de personnes, au monde, qui se reconnaissent dans ses revendications pour " la la justice et la dignité ». Le Gouvernement mexicain a peur de l'élan de solidarité national et international en faveur des communautés indigènes insurainsi que de l'apparition de plusieurs guérillas dans le pays, comme au Guerrero. Le président Zedillo freine actuellement l'application des accords de San Andrés et cherche à laisser pourrir la situation. Chaque jour, des et des rpnrp<,pn_ tants de mouvements populaires sont victimes de la police, de l'armée fédérale et des escadrons de la mort, agissant en toute impunité dans une guerre dite de "basse intensité" . Cela pas les du Mexique de lancer un appel à la solidarité internationale et de nous demander de rejoindre leur combat pour j'humanité. N'oublions pas que" le Chiapas se veut un monde oÎ.! tous les mondes aient leur

Sylvain Duez-Alesandrin

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