Mapuche

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Etats-Unis

Un budget de misère pour les Indiens Les Républicains dominent le Congrès des Etats-Unis et entendent imposer leurs vues au Président Clinton et à son gouvernement démocrate. Au nom de l'égalité des droits, ils souhaitent supprimer tous les aides et soutiens dont bénéficient les minorités sociales et ethniques en difficulté. Les communautés indiennes sont particulièrement touchées par des coupes budgétaires considérables sur la proposition de budget fédéral pour /996.

L"'Assemblée Nationale pour l'Education Bilingue" (NABE) a révélé le 10 juillet 1995 que la proposition de loi présentée par la sous-commission fédérale de la Chambre des Représentants, préparant le Budget pour 1996, prévoyait la suppression du programme Goa12000, mis en place par Bill Clinton, de 50 autres programmes éducatifs et de la moitié des crédits pour les programmes d'éducation antidrogue notamment. C'est ainsi le septième des crédits inscrits l'an passé au budget sur le titre l, destinés aux élèves en difficulté, qui devraient être supprimés. Jimmy Lyons, directeur de la NABE, a déclaré à ce propos que « la plupart des enfants indiens sont éligibles aux services du titre 1 ». La NABE proteste aussi contre la réduction des trois quarts des crédits destinés aux programmes d'éducation bilingues (titre VII), soit 142 millions de dollars. Les crédits de recherche et de formation des professeurs à l'éducation bilingue, figurant sur ce titre, seraient totalement supprimés.

Des coupes sombres sont prévues dans les programmes de protection de l'environnement et pour les institutions en charge des secteurs écologiques. C'est donc l'ensemble des activités sociales et écologiques des réserves qui est menacé. Dès ces annonces, la plupart des responsables des écoles navajo se sont réunis au Centre d'Education de Window Rock pour définir une stratégie d'urgence. D'emblée, ils ont estimés que les propositions fédérales constituaient une violation du traité de 1868. En effet, celui-ci stipulait notamment que le gouvernement fédéral devait fournir au moins un professeur et une école pour chaque groupe de 30 élèves navajo. Les bourses fédérales et tribales représentent bien souvent la plus grande partie des revenus des étudiants indiens dans un pays où les frais universitaires sont exorb itants ( de dix mille à cinquante mille francs par an).

Menaces sur le social et l'écologie La sous-commission parlementaire propose aussi des diminutions importantes de crédits sur des postes budgétaires affectant directement les nations indiennes, puisqu'alloués aux réserves par le biais des conseils tribaux. Sont touchés notamment le "Fonds pour l'Autodétermination Indienne", le fonctionnement des institutions judiciaires indiennes, la protection infantile, la prévention des violences conjugales, les frais de transport et les bourses des étudiants indiens, l'aide aux handicapés, les projets de développement communautaires, les budgets de fonctionnement des écoles, la protection contre les incendies, les projets d'irrigation, etc.

Les étudiants indiens, particulièrement visés, ne pourront plus continuer à suivre des cours dans les universités, car la plupart d'entre eux sont issus de milieux défavorisés. Déjà, lors de la rentrée 1994, les subventions du conseil tribal navajo aux étudiants avaient chuté de 20 %, et au printemps 1995 de 25 %, pour un nombre d'étudiants en augmentation. Ces propositions budgétaires doivent être approuvées par le Sénat, avant d'être pro-

mulguées par le Président Clinton, qui pourra difficilement user de son veto en période pré-électorale, face à la puissance des "conservateurs" au Congrès. Il est possible que des coupes budgétaires soient réduites par le Sénat, mais l'ampleur des suppressions de crédits et la rapidité de leurs échéanciers va conduire l'éducation bilingue, l'action sociale et les projets écologiques à la catastrophe. Les Républicains semblent vouloir planifier un retour des réserves-mouroirs du début du siècle.

La banqueroute des conseils tribaux Pour répondre aux Indiens excédés, les conseils tribaux, en manque de ressources, pourraient plus facilement concéder]' exploitation de mines de charbon ou d'uranium à ciel ouvert et le stockage de déchets radioactifs ou chimiques. A terme, c'est une manière de pousser les Indiens à quitter les réserves, à cause de la dégradation sociale et écologique. Les Indiens, privés d'études et d'écoles, seraient-ils donc condamnés à devenir mineurs, éboueurs ou croupiers? Ou plus vraisemblablement chômeurs?

Fabrice Mignot (CS/A) Source: Navajo Times, le 13 juillet 95

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