Mapuche

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catégorie qui nécessite des conventions. Le gouverneur Pete Wilson refuse de négocier les conventions sur ces appareils car leur possession, selon lui, est illégale. Les tribus font valoir que ces machines équivalent à des loteries et devraient donc être autorisées. Rincon s'est donc engouffré dans ce vide juridique, installant 230 de ces machines dans le casino qui vient de rouvrir ses portes après sept ans de fermeture dus aux échecs des années 80. Les fonds proviennent de onze investisseurs extérieurs à l'État, regroupés au sein du Columbia Group. Les leaders de Rincon avaient connaissance du moratoire de Bersin sur les jeux vidéo, mais ils le considèrent comme injuste. Cn accord passé en juin 1994 avec les casinos de Barona, Sycuan et Viejas les autorisaient à garder leurs machines en attendant le résultat des jugements en appel. Bersin a envoyé un courrier à Rincon précisant que les bingos et les cartes étaient autorisés mais pas les

machines vidéo. Les bingos et les jeux de cartes rapportent peu d'argent, la plus grosse part revenant aux joueurs. Mais les machines vidéo sont de véritables vaches à lait. Le public les apprécient car elles sont moins intimidantes que les vrais jeux de cartes. Les fonds attribués par le gouvernement s'amenuisant, la réserve de Rincon a donc décidé de parier sur les jeux vidéo. « Tant que ces machines ne seront pas classifiées dans leur ensemble et que leur statut ne sera pas défini, nous camperons sur nos positions. » déclare le porte-parole de la tribu, M. Gentry. La réserve de Rincon va-t-elle forcer la main du procureur fédéral et remettre les machines en service? Les avocats de la tribu conseillent de ne pas sortir du cadre légal. Mais les gens pensent qu'ils n'ont rien à perdre. « L'humeur est au désespoir mais aussi à une très forte détermination. Il est

clair que notre combat est celui de David contre Goliath ».

Source: article de Chet Barfield, paru dans The San Diego Union-Tribune, le 27 mai 95 Traduction: Barbara Pagel

(1) le procureur fédéral

Communiqué de presse Comme vous le savez, les temps sont critiques pour notre tribu et pour les Amérindiens à travers tout le pays. Il est possible qu'au cours de notre histoire collective nostribus n'aient jamais lutté aussi durement qu'aujourd'hui pour préserver notre indépendance économique et sociale. Nos ancêtres ont donné leur chair et leur sang pour protéger la vie des nôtres et préserver notre mode d'existence. Aujourd'hui, nous combattons encore sur nos terres, par le biais des tribunaux et des lois, pour garder ce qui nous appartient de plein droit. En tant qu'habitants originels des Amériques, on nous a formellement déclarés "NATIONS intérieures dépendantes" (1) par décret fédéral. Comme nations intérieures, nous sommes des peuples souverains qui déterminons le cours de notre destinée. Et, à l'instar de nos ancêtres, nous devons faire des choix et prendre des décisions pour protéger notre peuple. Parfois, ces choix sont difficiles à faire. Dans nos efforts pour initier un développement économique solide pour notre tribu, nous nous trouvons devant l'alternative suivante: soit nous restons dans la pauvreté, soit nous faisons un choix qui nous assurera un avenir brillant et fier, et nous permettra de construire les logements dont notre peuple a tant besoin, d'offrir à nos jeunes une éducation et de garantir santé et bien-

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être à tous les membres de la tribu. Nous regardons l'avenir et nous nous posons la question: si nous ne nous battons pas - peu importe l'impopularité de ce combat - qui se battra pour nous ? Comme vous avez pu le constater, le gouvernement fédéral et le gouverneur de Californie Pete Wilson en particulier se battent pour nous maintenir sous leur contrôle, et dans la pauvreté. Mais la bande de Rincon des Indiens San Luiseno fait le choix de la vie, de la prospérité et de l'avenir économique pour ses enfants. Le "jeu indien" est le seul moyen dont nous disposons actuellement pour subvenir aux besoins de notre peuple. Ce soir, nous avons rallumé nos machines de jeu vidéo pour le plaisir de nos clients et pour les revenus qu'elles procurent à notre peuple. Nous sommes conscient du fait que trois autres tribus du comté de San Diego qui pratiquent le jeu ont passé avec le procureur fédéral de district un accord, afin de maintenir le status-quo sur le nombre des machines dans le comté. Nous tenons à préciser de la manière la plus formelle que la tribu de Rincon n'a jamais été intégrée dans cet accord. De ce fait, on ne peut considérer que nous rompons cet accord. Le juge Marilyn Huff a publié la semaine dernière une injonction civile pour nous

empêcher de faire fonctionner nos machines. Ce juge est un ennemi notoire du "jeu indien" et s'est illustrée dans le passé par des actes visant à restreindre la souveraineté tribale. Mais la souveraineté tribale ne sera pas remise en cause sur cette réserve. La bande de Rincon maintient fermement sa décision. Nous avons autant le droit que les tribus Viejas, Sycuan et Barona de nous préparer un avenir économique. Auparavant ils étaient comme nous, pauvres, et ils se battaient pour offrir un avenir à leur tribu. Ils ont choisi le "jeu indien" et les résultats sont légendaires. L'assistance sociale et la pauvreté n'existent pas sur ces réserves. Nous voulons la même chose pour notre peuple. Usant des mêmes tactiques qu'avec nos ancêtres, le gouvernement fédéral a renvoyé nos tribus dos à dos dans le but de nous a handicaper de l'intérieur. Le juge décrété que nos machines seraient légales et l'accord respecté si les autres tribus du comté de San Diego enlèvent une machine pour chaque machine que nous installons.

Hurr

Darell Gentry, porte-parole de la tribu Rincon des Indiens de la mission de San Luisefto, communiqué de presse, mai 1995 Traduction: Barbara Pagel

(1) "Dependent domestic nations"


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