Mapuche

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chiliennes n'ont pas considéré nécessaire - contrairement à ce qui était la pratique espagnole de «christianiser la population vaincue en lui imposant le port de patronymes hispaniques. Il n'y a pas eu non plus, comme aux Unis, de traduction des noms. De ce fait, la plupart des Mapuche garderont alors un " patronyme" mapuche dont l'usage a été imposé, certes, par l'État chilien, en remplacement de la filiation clanique, mais qui n'en demeure pas moins un traÎt culturel d'auto-identification, celui-ci ayant contribué peutêtre de décisive dans le cadre d'une acculturation progressive à la préservation ct à la reproduction d'une identité mapuche. Par le patronyme est peut-être l'un des rares éléments culturels qui n'a pas souffert de modifications depuis le siècle En vérité, dans la plupart des cas, celui-ci est une reproduction ou moins exacte - selon les difficultés rencontrées pour la transcription dans l'orthographe castillane ou la ou le bon vouloir du fonccivil chargé de la tionnaire du tâche - du nom mapuche d'avant la conquête composé de ce que l'on pourrait appeler un "prénom" et du nom de la lignée de chaque individu. Au moment de la défaite, c'est ce nom qui est devenu le "patronyme", lequel sera transmis par la suite par le en accord avec le code chilien de transmission du nom de famille. On pourrait alors considérer comme l'v'fapuche les individus qui tout en s'auto-identifiant eux-mêmes comme conserven t un ou deux patronymes mapuche ; dans un sens plus les descendants des qui, en raison des modalités

de transmission du nom de [.mille au Chili, n'ont pas conservé de patronymes mapuche, mais qui s'auto-identifient volontairement comme Mapuche. Finalement, il faut inclure également les Mapuche qui portent des patronymes hispaniques depuis le siècle dernier: Contreras, Sandoval, Morales, Avendafio, etc.

Pays mapuche et diaspora Le recensement confirme que si les tentatives assimilatrices de l'État ont été permanentes, les résultats n'ont été nullement concluants. La preuve la plus éclatante est que presqu'un million de personnes ont déclaré volontairement - « appartenir)} à la culture mapuche. Évidemment, l'auto-identification ne permet pas d'apprécier les degrés d'acculturation des individus, spécialement parmi ceux qui habitent les villes, mais elle nous permet de penser qu'un

minimum de culture autonome est encore contrôlée par eux, ce qui permettrait de soutenir leur identité ct de la différencier de celle des autres. Le poids démographique ct la vitalité culturelle des Mapuche appreClee comme un phénomène actuel et non seulement du passé sont par eux-mêmes des référents identitaires qui doivent être considérés dans le jeu d'identités individuelles, surtout parmi les individus isolés. Mais si les tentatives d'assimilation ont été infructueuses, la politique du laisser-faire face à l'émigration et à la minorisation progressive des Mapuche sur leur territoire historique a porté ses fruits. La conquête de l'Araucanie par le Chili - commencée en 1862 et achevée en 1883 obéit au moins autant à des raisons d'ordre géopolitique qu'économique. Or, d'un point de vue géopolitique, l'occupation de l'Araucanie et la soumission de la population mapuche ne réglait qu'en partie le problème, d'autant plus que, pour des raisons idéologiques 1'« Araucan " ayant été intégré dans la mythologie nationale chilienne le Chili s'interdisait toute solution radicale à caractère génocidaire. Et ceci même si la colonisation chilienne de l'Araucanie étaÎt une colonisation de peuplement et non d'exploitation autrement dit, du point de vue économique le Chili avait besoin de la terre et non pas de la population qui l'habitait. Toutefois, la mise en valeur par le Chili des terriroires nouvellement conquis,


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