Makuxi - Leonard Peltier - Kanak - Yanomami - Mapuche - Apache - Lakota - Cree - Touareg

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L'ARM[EE CONTRE la démarc:ation du Territoire "Y'anomami Au Brésil, c.ertains militaires n' ont pa~ attendu la fm du Sommet de la Terre a Rio pour reprendre leur ~ar:zpagne contr~ la démarcation du Terntolre Yanomaml. A la mim-mai, il fut par deux fois demandé au Président du Congrès National d'annuler la loi promulguée en novembre 1991 par le Minis tre de la Justice. La première demande d'annulation fut présentée par l'Association des Pensionnés, réservistes et retraités de l'armée, et la seconde par le général en retraite Euclydes de Oliveira Figueiredo Fi/ho, frère de l'exprésident du Brésil, Jao Batista de Oliveira Figuereido qui, lui aussi, est un officier de l'armée brésilienne.

Il semble que les militaires n'aient pas bien lu la Constitution. Il est bien précisé dans l'article 231 qu'il "est reconnu aux Indiens les droits orig inels sur les terres qu'ils occupent traditionnellement" et qu'il revient "à l'Union d'en dresser le cadastre". La Constitution ne menti one en aucun cas des règlementations particulières. La démarcation ~oit êt!"e ef!ectuée en accord avec les règlementatIOns etabhes par le Président de la République. Les militaires ajoutent qu'il s'agit d'une "concession partielle des terres appartenant au gouvernement fédé~al"; c'est une absurdité de plus. En effet, lorsqu'Il est dit dans la Constitution qu'il est reconnu aux Indiens leurs droits originels, cela signifie qu'un territoire habité, démarqué ou non, est considéré comme indien. Le but de la démarcation est d'être claire ct ne remet nullement en question l'appartenance fédérale. Les Indiens sont assur~s à perpétuité de la gestion de leur terrItOire -meme s'ils le voulaient, ils ne pourraIent pas le vendre. Puisque ce droit est souverai,n, dire que le ,Congrès doit d'abord approuver la demarcatIOn n a aucun sens.

"Trop de terres ?" L'argument avancé n'est pas n~uv~au : d'une part,' "la démarcation du Terntolre Yanomaml menacerait la souveraineté nationale,' d'autre part, "les Indiens p;JU~raie~t demQll~er ,dans un proche avenir la creatlOfl d Ufl Etat lIldependant qui favoriserait les intérêts. des pays industrialisés". En fai t,les mlh tanes ont bl en l'intention de s'assurer l'occupation économique du Territoire Yanomami, en y installant de grosses entreprises -sans se soucier du fait que ces !erres sont habitées par les Indiens depUIs la nUIt des temps. De tels programmes remettent d:abord en question le décret promulgué par le Presld~nt en février 1991, qui prévoyaIt les proc~d~res d'application de la démarcatIon des terntOlre~ indiens. Ils affirment que ce décret auraIt du prévoir des "réglernellfa;iolls parl!cll~ières" pour la démarcation des . terres sllllees slIr la jrontière, el des terres d'une slIper/icie de pllls de 2500 ha". Selon eux, l'utilisation des terres situées sur la frontière devrait être soumise d'abord à l'approbation du Conseil National de Défense, organe consultatif rattach.é à la Présidence; parmi les membres du conseIl, Il Y: a forcément des représentants militai~es. De plus,.Ils prétendent que lie Congrès NatIOnal a pleInS pouvoirs sur les déci~i(:ms c~~cerna,nt les concessions d'une superfIcIe supeneure a 2500 ha.

Dans leur délire, les militaires sont allés jusqu'à affirmer qu'il n'y avait pas plus de, 4500 Yanomami au Brésil. Selon une étude menee entre 1987 et 1988 par un groupe composé de plusieurs services administratifs gouvernementaux -dont l 'armée- 9910 Yanomami vi vaient en terri to' re brésilien'à l'époque. C'était avant qu'ils ne soient victimes des chercheurs d'or; en quatre ans, ceuxci ont décimé 15% de la population Yanomami. "Même si ['011 admettait qu'il existe la 000 Indiens, chacun d'eux possèderait 9400 h~ ... c'est absurde, inacceptable 1" Voilà ce que dIsent les militaires. C'est avec ce genre d'argument qu'on a justifié le génocide de plusieurs ~eI?tai~es de Peuples Indiens tout au long de 1 hIstOire brésilienne. Les Yanomami, nomades, occupent leur Territoire de façon EXTENSIVE: quand les ressources viennent cl manquer, ils se déplacent. Ainsi, on ne peut pas délimiter leurs terres selon les critères de la société sédentaire qui les entoure. Ce qui est suffisant pour un travailleur rural ne l'est pas forcément pour un Y anomamI. RaI?pel~ms que les militaires n'ont émis aucu,ne obJ,e~tIOn contre les décrets promulgués par 1 ex-PresIdent José Sarney, qui réservent à L'USAGE EXCLUSIF de L'ARMEE 10 millions d'hectares de terres appartenant au gouvernement fédéral; le Congrès National n' av ai t pris aucunement part à cette décision. 9


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