Lakota

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YELLOW THUNDER CAMP Le 4 avril 1981 une soixantaine de LAKOTAS (Sioux), membres ou sympathisants de l'American Indian Movement,

quittent leur réserve de Pine

Ridge dans le Sud-Dakota. Ils se rendent à une centaine de kilomètres de là, dans le Parc National des Collines Noires. Leur destination une petite vallée couverte de sapins en bordure d'une rivière, la Victoria Creek. Les Indiens informent le Gouvernement américain qu'ils ont l'intention d'établir un camp spirituel, c'est-à-dire un lieu de vie où ils pourront pratiquer leur culture et leur religion traditionnelles •.. C'est la première fois depuis plus de cent ans que des Sioux réoccupent les Collines Noires! Une fois sur place, les Lakotas adressent au Service du Parc National une demande d'utilisation spéciale pour ce terrain de 800 acres (325 hectares). La réponse du Service forestier ne tarde pas: permis d'utilisation refusé! Pourtant une douzaine de missions chrétiennes, sans parler des installations touristiques, ont obtenu des concessions dans le Parc National. Les Indiens qui s'y attendaient décident de se passer d'autorisation et entreprennent sans plus attendre l'installation de leur camp. Ne sontils pas ici chez eux? Les Collines Noires (Black Hills) appartiennent à la Nation Lakota, le Traité de Fort Laramie le garantit! La Cour Suprème elle-même a reconnu, un an plus tôt, que les Etats-Unis se sont illégalement appropriés les Collines Noires en 1877. Mais les activistes Sioux sont très mal vus par les autorités du Sud-Dakota qui les dépeignent comme des violents, des faiseurs de troubles. Et puis, les Sioux ne vont pas se mettre à réinvestir les Collines Noires ••• celles-ci sont blanches depuis longtemps déjà! Des fermiers, des entreprises, des villages, des villes y sont implantés et le tourisme fait des ravages depuis que les têtes de quatre Présidents Américains sont sculptées au Mont-Rushmore. Enfin, le sous-sol des Collines Noires, riche de charbon, d'or et d'uranium, est promis à une exploitation qui rapportera des milliards de dollars ••• Les Lakotas ont planté à l'entrée de leur terrain de 800 acres un écriteau sur lequel on peut lire: "Alcool, drogues et armes interdits~ ceci pour bien spécifier les intentions spirituelles et pacifiques de leur camp. Ce camp, ils l'appellent YELLOW THUNDER en hommage à un vieil Indien gratuitement assassiné, symbole de l'incompréhension et du racisme des Blancs. Sur les réserves Sioux, loin à l'Est, la nouvelle du camp se répand. D'autres Lakotas rejoignent Yellow Thunder ainsi que des membres de Green Peace-USA qui font partie de la Black Hills Al-

liance contre l'extraction de l'uranium dans les Collines Noires. Entre temps le Service du Parc National/Gouvernement américain ont demandé à la justice de faire expulser les Indiens. Mais ceux-ci sont, prêts à se défendre légalement et saisissent à leur tour les tribunaux pour violation de leurs droits constitutionnels et en particulier pour atteinte à leur liberté religieuse. En effet, outre leur Droit souverain sur les Collines Noires, les Lakotas veulent exercer à Yellow Thunder leur Droit de prière que le Premier Amendement à la Constitution américaine garantit à tout être humain aux Etats-Unis. Un procès est donc entamé entre les Lakotas et le Gouvernement à Rapid-City dans les Black Hills. En ce qui concerne le camp lui-même, une trentaine de membres du Congrès, sollicités par les Indiens, demandent au Service du Parc de négocier une solution et de ne pas chasser les gens de Yellow Thunder. De son coté, le Juge O'brien, cha~ gé de l'affaire, a demandé à la police de ne pas intervenir avant qu'un jugement ait eu lieu. Les Indiens installent cependant un "poste de sécurité" pour surveiller les alentours du camp. Depuis leur arrivée ils ont eu en effet des altercations avec ce qu'on appelle des "vigilantS! Dans le Sud-Dakota où la mentalité est restée proche de celle du Western, il se trouve toujours des individus pour "discuter" d'abord avec leurs armes ••• EN AUTO-SUFFISANCE

Les Indiens sont déterminés à tenir le plus longtemps possible dans les Collines Noires. Loins de leur réserve, ils ne peuvent guère compter sur un apport extérieur et doivent tirer leur subsistance des ressources mêmes de leur campement. Quelques arpents de terre sont défrichés pour être cultivés. Les Indiens instalj


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