Kuna Tarahumara

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Tesguinada La "tesguinada" est la fête où l'on boit le tesguino, la boisson sacrée des Tarahumara. Cette boisson fermentée, sorte de bière préparée avec du maïs est essentielle à la vie des Indiens. Son importance vient du fait qu'ils l'utilisent pour tout dans la vie familiale, sociale, politique, religieuse. Le tesguino plaît aux vivants, aux morts, aux hommes, aux femmes, aux nouveaux-nés et aux anciens, ainsi qu'aux dieux. Malgré les interdictions des Jésuites et en dépit de toutes les attaques, le tesguino accompagne nécessairement tous les événements qui animent la vie des Tarahumara : au cours des travaux collectifs, des fêtes religieuses, des festivités du cycle de la vie, naissance et baptême, majorité et mariage, à la mort d'un familier. Egalement au cours des danses qui rythment le cycle vital des Indiens et de la nature. LUMOLTZ, explorateur du 19ème siècle dit à ce propos: "avec les danses et le tesguino, ils expriment à Dieu tout ce qu'ils veulent". Chaque famille se doit d'organiser une tesguinada au moins une fois par an. Réciproquement une famille se rend de 20 à 50 fois par an aux tesguinadas des fermes voisines ou plus éloignées, parcourant des distances de plus de lOkm. La vie sociale des Tarahumara dépend entièrement de ces moments où ils se rassemblent et se retrouvent entre communautés de buveurs régies par des règles d'hospitalité précises et complexes.

Carrera de Bola Les Tarahumara sont renommés pour leur grande résistance physique et leur endurance au cours de ces fameuses "Carrera de bola", sorte de marathons qui peuvent durer parfois plusieurs jours et plusieurs nuits. Depuis des siècles les Tarahumara pratiquent cette course à travers les terrains escarpés de la Sierra. Ils poussent devant eux une boule de bois de pin qu'ils ont eux-même taillée (de la grosseur d'une boule de pétanque). Chaque coureur doit projeter la boule avec le dessus du pied, l'usage des mains étant interdit. Il la rejoint, la relance de nouveau jusqu'à ce qu'il parvienne à l'une des extrémités du parcourt déterminé à l'avance (il peut être de 5 à 10 km et être parcouru un nombre déterminé de fois. Dans

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le cas des grandes courses, des femmes attendent les coureurs le long du parcourt avec des calebasses pleines de "pinole" (boisson énergétique et désaltérante faite de farine de maïs grillé et d'eau). Ces courses donnent lieu à des paris entre les équipes adverses formées de représentants de communautés de différentes localités, moyen de faire circlllier les biens personnels non accumulablles dans le système économique traditionnel des Indiens.

"Jicuri", le Culte du Peyotl Outre la renommée d'être de fameux marathonmen, les Indiens Tarahumara sont aussi connus pour être les derniers adorateurs du PEYOTL. Le peyotl (lophophora williamsii) est un petit cactus qui pousse dans les montagnes désertiques du nord du Mexique et du sud des V.S.A. Le culte du peyotl est rendu lorsqu'un Tarahumara sollicite cette cérémonie pour aider sans sa montée au ciel l'âme d'un mort qui a participé à ce culte dans sa vie. Si le culte ne lui est pas rendu, on dit que son âme errera indéfiniment et apportera maladies et autres péripéties à sa famille et à ses proches ainsi qu'à leur bétail et à leurs cultures. Le culte peut aussi être rendu afin de soigner une maladie, ou se purifier intérieurement et tranquilliser son esprit. Le rituell du HCURI ou peyotl se célèbre uniquement: en hiver. Les Tarahumara disent qu'en été le peyotl rend fou. La cérémonie n'est pas publique, mais relativement secrète. On ne peut y assister qu'en y étant invité. Seuls les proches amis et la famille du "casero" (celui qui commande le rituel) sont présents et admis sur le lieu du culte. Le culte est rendu la nuit à ciel ouvert, dans un lieu choisi et préparé à cet effet. C'est le SI 'PAAME" le "Maître du Peyotl", qui célèbre le rituel. Une vache est tlllée ou bien plusieurs chèvres. Du tesguino, des tortillas de maïs, des haricots rouges sont préparés en grande quantité pour nourrir tous les invités. En plus des quartiers de viande qui sont réservés au Si'paame, de l'argent lui est donné. Outre le fait que ces cérémonies aient fait l'objet d'une répression de la part de l'Eglise et du gouvernement, les dépenses qu'elles entraînent en ont réduit la fréquence.


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