Kuna Tarahumara

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tous Kuna sur les îles, par contre les livres ne sont imprimés qu'en espagnol et le matériel est à la charge des parents. Les enfants ne sont pas obligés de s'y rendre, et les garçons les fréquentent beaucoup plus que les filles qui, à la puberté, les quittent définitivement. Bonne ou mauvaise chose ? C'est une question difficile. Comment aborder l'avenir en contact inévitable avec le monde moderne si l'on n'en a pas les moyens ? Tout de même, l'école bilingue serait la plus belle des choses, et, à mon avis, pour tout ce qui relève des droits de l'individu -santé, instruction minimale- , i l ne faut se cacher ce qui est aujourd'hui nécessaire. La fièvre jaune apportée par les chantiers travaillant sur le Canal, fièvre alors inconnue et qui a fait des ravages ne pouvait être enrayée que par des remèdes de blanc -affirmation qui ne remet aucunement en cause l'efficacité des remèdes traditionnels aux maux habituels. Pourquoi compter sur le tourisme, si c'est, n'ayant pas les connaissances requises pour traiter, une occasion de se laisser exploiter quotidiennement ? Il Y a donc un déchirement dans cette société -pas encore dramatique, mais très net. Des inégalités apparaissent, certaines familles ayant notamment les moyens d'offrir à leurs enfants la possibilité de suivre des études à PanamaCity ou à Colon. Fascinant microcosme de gens comme les autres mais déjà en proie à toutes les complications que la vie moderne engendre.

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la Terre Des bateaux passent qui emportent des noix de coco et déposent bières, coca, tissu et gadgets. Certains de ces bateaux, aujourd'hui, sont Kuna. "Comment, des radios et des frigos pour les In diens ? mais cres révoltant !" Non, de quel droit pouvons-nous juger ce qui est bon ou mauvais pour eux ? Au nom de quel paternalisme moralisateur et égoïste? Les femmes cousent à la machine des mola qu'elles ont crees à part entière; à l'avenir, beaucoup de choses changeront encore, c'est inévitable; mais s'il y a un peuple amérindien capable aujourd'hui de préserver ses traditions fondamentales, c'est bien le peuple Kuna. L'un des rares. On peut affirmer qu'ils sont "riches" par rapport à de nombreux Panaméens pauvres. Leurs frères de Cobie sont certainement beaucoup plus aculturés. Malgré des distances énormes, ils se rencontrent épisodiquement. De même, les Kuna qui partent pour des raisons professionnelles reviennent toujours, même au bout de 20 ans, qui pour une Fête, qui pour consulter un Guérisseur ... Les Kuna sont viscéralement et spirituellement très attachés à leur Terre. A eux de savoir, dans les années à venir, contenir les vagues de touristes qui affluent de plus en plus.

Photo: Roberta RIVIN

Roberta RIVIN


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