Iroquois : les 6 Nations

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Laurent, ils se trouvèrent donc à l'orée du bois quand le trafiquant en sortit ! Tout un réseau de rivières, de pistes, de lacs, de voies de communication, qui pénètrent très loin dans les Pays "d'en haut". Malgré cette"invitation au voyage", les français ne quitteront que très tard leurs navires. Pour l'heure, c~est presque toujours les pieds dans l'eau, ou dans une barque, au pire sur la plage, que la soi-disante découverte de l'Amérique a lieu. Des premiers .voyages de Jacques Cartier (1534), à l'installation de la Colonie par Champlain (1608) - presqu'un siècle - c'est le Sauvage inlassablement qui tentera de briser cette frontière : il offre le produit de sa pêche et de sa chasse, accueille, loge et parfois même soigne les français. C'est pncore lui, le Sauvage, qui les aide à construire leurs "habitations", à défricher la forêt, pour y bâtir leurs forts ••• Une fois les fossés,les palissades, et les emplacements pour les canons i~stallés, une fois casernés, les français occupent leur temps à des "joies" que ne partagèrent pas les Indiens: tours de garde, rondes nocturnes, guêts, exercices d'armes, etc ••• La porte du fort reste résolument fermée : la "Nouvelle France" ne se fera qu'à huis clos ! ... Et si rencontre il y a, elle ne se déroulera désormais que codifiée, réglementée, "gendarmisée" ••• A l'intérieur de ce "château-fort", l'interlocuteur sauvage est donc devenu un ennemi potentiel : malheureusement , l'embuscade se fait attendre, toute hostilité est absente, aucune troupe belliqueuse n'est à l'horizon .••

PROFITEUR!

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((GUERRE" HUROIROQUOISE ... ?

La GUERRE est suffi~amment associée aux Sauvages, dans l'imagerie populaire, pour que l'on tente de démasquer dans quel contexte réel elle est apparue chez les Indiens de la Forêt canadienne. Et plus précisément, entre les Nations Iroquoises et Huronnes ••• Première remarque relativement peu soulignée dans les ethnographies consacrées à l'Histoire du Canada Français.: culturellement, (dans son sens le plus large) Iroquois et Hurons appartiennent à la m'ême Nation. C "est à dire, que la séparation, au sein de cette même "Famille" va être provoquée selon toute vraisemblance par la présence des trafiquants de fourrure. Cette pseudo-distinction entre deux peuples n'existait au XVlème siècle ni d'un point de vue économique, ni d'un point de vue social, ni d'un point de vue linguistique; elle n'est apparue qu'artificiellement au contact des français, et seulement d'un point de vue politique. Mais si Iroquois et Hurons sont devenus "frères ennemis", c'est bien justement parce que quelque part, une Fraternité avait été brisée •.• Et non comme il nous est raconté dans des ouvrages cent fois répétés, que de tout temps les Hurons furent doux et loyaux, alors que les Iroquois étaient eux, cruels et sanguinairesl Ni les uns, ni les autres, ne furent jamais spartiates ou mercenaires d'un prétendu "Empire" Indien,pour la bonne raison qu~il n'y a aucune trace dans toute l'histoire indienne d'fun quelconque projet de conquête territoriale, ni aucune trace d'un quelconque embryon d'armée, à plus forte raison de petits Généraux ou de grands Empereurs ! ... Pourtant la Nation Huron-Iroquoise du XVlème siècle avait d'autres belles "lettres de noblesse" (c'est plus tard qu'ils sont devenus nobles, les Sauvages ! ... ) Il faudrait enfin parler - ou plus simplement les laisser parler - de cette Paix profonde qui oaractérisaitt la vie tribale. Non pas de cette paix d'armistice, des défilés et des victoires, de cette Paix Universelle que l'on doit à l'équilibre des forces, mais aussi au déséquilibre des faibles ••• Il faudrait pouvoir raconter la relation profonde qui existait entre ces Indiens et la Forêt, entre Eux et "les trois Soeurs" - le maIs, la courge, le haricot - et aussi le Castor et l'Orignal et l'Ecureuil et encore tous

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