Hurons Abenaki

Page 66

"Radicaux" ? la m'affecte terriblement, que les vrais leaders, les leaders forts, ne soient pas reconnus. Ca ne veut pas dire que je ne sois pas fort. Je me sens aussi fort qu'en 68. A propos de ce terme, "radical", que la presse nord-américaine nous a collé sur le dos : je ne pense pas que ce soit si "radical", de LUTTER POUR LES DROITS DE L'HOMME, pour le RESPECT DES 1RAITES passés avec les Peuples Indiens. S'ils disent que c'est radical de protéger des gens contre les brutalités policières, pour obtenir des logements décents et de meilleures conditions de vie pour les Indiens, alors oui je suis un "radical" -mais pas comme ils l'entendent. Nous REFUSONS RADICALEMENT le type de vie qu'ils tentent de nous imposer. Mais, en fait, s'il y a quelque chose que l'on peut qualifier de véritablement radical, ce sont les médias nord amerlcaines et les abus du gouvernement SOI-DISANT DEMOCRATIQUE des USA. -N Quelles furent les raisons de ton emprisonnement en 74 et de la peine que tu as purgée entre 84 et 87 ?

En prison pour " Sédition" -D En 74, le Tribunal de Custer, Sud Dakota, m'a jugé "coupable d'actes séditieux" et j'ai quitté la région avant la condamnation à cause des menaces de mort du Juge Suprême du Sud Dakota et de déclarations faites par des gardiens de prisons affirmant que je n'en "aurais pas pour plus de 20 mn à rester vivant à l'intérieur de la prison." Bien entendu, j'ai trouvé que c'était plutôt déloyal. Me laisser prendre comme ça, me laisser faire et me retrouver dans une situation où je ne pourrais pas me défendre, ça m'a paru inaceptable. J'ai donc quitté la région et suis parti en Californie. J'ai été arrêté là-bas et me suis battu contre l'extradition à cause des menaces de mort. J'ai d'ailleurs gagné : mes avocats ont exposé les faits au Gouverneur de Californie et, en raison de toutes les violations de nos droits dans le Sud dakota, il a refoulé le mandat d'extradition -si bien que j'ai pu demeurer 8 ans en Californie jusqu'à l'arrivée d'un nouveau Gouverneur. Je suis alors allé dans l'Etat de New York demander asile aux Six Nations 66

Iroquoises qui ont accepté et m'ont permis de vivre sur le territoire de la Nation Onondaga. J'y suis resté 18 mois. Puis, le climat politique commençant à changer dans le Sud Dakota, j'ai pensé pouvoir me représenter devant la justice de là-bas -dans de meilleures conditions et, effectivement, leur attitude ayant quelque peu évolué, j'ai pu y retourner. Les autorités carcérales avaient changé et les gardes hostiles à l'AIM n'étaient plus là. Je me suis donc présenté spontanément aux autorités, et j'ai été condamné à 3 ans de prison, à Sioux Falls, dans S.D., où j'ai purgé toute ma peine avant d'être libéré. A ma sortie, je suis retourné à Pine Ridge où j'ai commencé à travailler dans le système scolaire.

Avec Leonard PELTIER -N Le cas Peltier, qu'en penses-tu? Es-tu en contact avec lui? -D Je suis bien entendu très affecté par le cas de Leonard, d'autant plus qu'il travaillait pour moi au moment de l'incident, en 76. Il a été ACCUSE A TORT et tout le monde, dnns le Sud Dakota -du moins les Indiens- en comprend les raisons. Le FBI a toujours été hostile aux Indiens ; mais en 72-73, quand ils nous ont attaqués, ils avaient bien l'intention de TUER LES GENS qui s'exprimaient contre le Gouvernement. Ils s'en sont tout d'abord pris aux Black Panthers dont ils ont tué un leader,puis quand l'AIM a commencé à se faire entendre, ils se sont focalisés sur ses leaders et ont blessé beaucoup de militants -mais on leur a rési~té, on ne s'est pas laissé faire et, fjnalement, à Wounded Knee, ils sont venus armés, et on leur a répondu de la même façon, avec des fusils. On les a repoussés pendant 71 Jours et on a au moins montré à toute l'Amérique que nou:' n'étions plus du tout disposés à tolérer ce type d'abus et que le FBI lui-même ne nous piègerait plus de cette façon. On a été assignés en justice en 74. Le juge a rejeté le cas et les jurés ont bien compris que le FBI était en torts, que le système judiciaire commettait une erreur en nous inculpant. Il y a eu "fin de non-recevoir". Le FBI a été bigrement atteint dans son orgueil, alors ils ont décidé de S'ACHARNER contre nous dans le Sud Dakota. Et c'est c\~e ça qu'un jour où nous avions établi un camp d'été à Oglala sur la propriété où je vivais -Leonard travaillait là- c'est arrivé. Nous


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.