Hurons Abenaki

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Une des raisons du choix du site de Québec fut qu'il semblait plus facile à Champlain d'évangéliser les Indiens sédentaires de l'intérieur. Il faut ajouter que cela permettait également d'empêcher les attaques des Iroquois et de profiter pleinement de la situation exceptionnelle de Montréal aux Rapides de Lachine, point de rencontre de trois grands cours d'eau.

Conquérir... l'amitié Quant à la bonne entente entre les Français et les Indiens, elle fut l'oeuvre tout d'abord des Récollets, puis des Jésuites. Champlain, par contre, trouva quelque résistance à chaque fois qu'il voulut pousser plus à l'Ouest ses explorations, car les Indiens ne tenaient pas à perdre leur profitable rôle d'intermédiaires lors des échanges avec les Français. Ils apprécièrent cependant l'aide de ceux-ci pendant leurs luttes contre les Iroquois et c'est au cours de l'une d'elle, en 1609, que l'alliance entre Français, Hurons et Algonquins fut définitivement scellée. Ces liens d'amitié et de coopérati9n furent renforcés lorsque Champlain leur proposa de s'établir à Montréal, leur évitant ainsi le long et périlleux voyage vers Québec ou Tadoussac plus au Nord et lorsqu'il organisa le séjour chez les Algonquins en Juin 1610 d'un jeune Français, Etienne Brûlé qui devait devenir le premier "coureur des bois" alors qu'un jeune Huron se rendait en France au même moment. Champlain réussit à renouveler cet échange les années suivantes et à former ainsi des guides et des interprètes pour l'avenir.

Le faux-bond des Jésuites Champlain avait des motivations plus spirituelles que la plupart des mal' chands de fourrures ; ses efforts constants pour faire venir des missionnaires en Nouvelle France en sont la preuve. Mais il ne dut guère apprécier la décision prise par les Jésuites en 1610 de s'installer en Acadie plutôt qU'2 Québec, comme il le leur avait demandé. Et comme, d'autre part, ni le gouverneur de la Nouvelle France ni les marchands huguenots des ports du Nord n'appréciaient les Jésuites, Champlain décida de s'adresser aux Récollets de Brouage

qui réussirent malgré leur manque de moyens financiers à envoyer quatre missionnaires à Québec. Mais ni l'oeuvre missionnaire ni la colonisation ne se développèrent les années suivantes. Ils exigeaient de gros moyens financiers et se trouvaient être incompatibles avec le commerce des fourrures. La Compagnie de la Nouvelle France ne s'intéressait à promouvoir ni l'installation de nouveaux agriculteurs, puisqu'elle voulait que ses employés courent les bois, ni la sédentarisation des Indiens, puisqu'ils lui procuraient ses fourrures.

Incontournables Iroquois Comme le commerce des fourrures était la source de vie économique de la colonie, ses intérêts y dominaient tous les aspects de la vie. En 1622 par exemple, Champlain eut beaucoup de mal à convaincre les marchands de la nécessité d'un traité de paix avec les Iroquois, car ils craignaient de voir les Hurons commercer dès lors avec les Hollandais, comme le faisaient les 1roquois. Le traité fut cependant signé pour être brisé en 1627 et la guerre franco-anglaise qui s'en suivit jusqu'en 1632 vit le commerce hollandais des fourrures quadrupler, les Français n'ayant plus rien à échanger à Québec à cause du blocus maritime anglais.

Fonder une théocratie Lorsqu'une fois la paix rétablie en 1632 les Français reprirent leur commerce, jamais leurs moyens n'avaient été aussi importants. Dans l'incapacité financière de subsist~r, les Récollets avaient dû laisser la place aux Jésuites dont l'effort missionnaire acharné se développa constamment jusqu'en 1690. Ils dominèrent même entièrement la vie religieuse et laïque de la Nouvelle France jusqu'à l'installation du Gouvernement Royal en

1663.

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