Femmes indiennes

Page 9

LA PLAGE DE CHESTERMAN Nuu-chah-nulth (Nootka) Ce texte a été choisi dans un recueiL de récits coLLectés par Anne Cameron auprès des femmes de L'ILe de Vancouver. En 1980, dit-eLLe, eLLe reçut L'autorisation de Leur part de pubLier ces récits qui sont centrés sur Le personnage sacré de La VieiLLe Femme. Nous pubLions donc L'un de ces récits, mais iL convient de souLigner Le fait que certains termes empLoyés par Mme Cameron Le sont faute d'une autre terminoLogie en angLais. IL faut donc bien repLacer dans Leur contexte des mots teLs que "Combattant" ou "armée", pour désigner ceux d'entre eux qui combattirent Les Conquistadores, aLors qu'aucune nation indienne n'avait d'armée ou de soLdat dans Le sens que nous donnons à ces mots, La guerre teLLe que nous La connaissons n'existant pas pour Les Amérindiens. Les sociétés du Nord Pacifique ont une tradition de hiérarchie différente de La nôtre ; aussi Les termes "escLaves", "nobLesse", "initiés" sont-iLs eux aussi à utiLiser avec précaution. IL est visibLe dans une partie de ce texte, que L'auteur est une féministe convaincue, et son styLe, du coup, est nettement marqué. Mais, par aiLLeurs, Le récit dans son ensembLe eÙ assez fidèLe à La façon dont Les anc~ens rapportent Le passé, et nous avons donc pensé qu'iL étaitunportant de Le faire connaitre et apprécier •.

Marée rouge ! Nous étions tous assis sur les marches devant nos maisons, faisant plus attention à Rien qu'à Quelque chose, regardant les bateaux de pêche et de plaisance et les yachts rentrer au port, écoutant nos radios. Au pluriel. Ce que nous faisons la plupart du temps le soir c'est placer la radio près d'une fenêtre ouverte et nous asseoir dehors où il fait quand même plus frais - sinon plus froid et les autres viennent aussi s'asseoir sur leurs marches avec leur radio près de la fenêtre, et puis d'autres gens encore, et comme ça personne n'a besoin de monter le son jusqu'à s'en faire péter les oreilles et tout le monde peut écouter les informations. Naturellement, si un individualiste forcené se branche sur une autre station, c'est fichu en matière de communic~tion par la sociabilité, mais comme on n'a pas des masses de choix pour les stations, on n'a pas à s'en faire, sauf pour les magnétos que nous sommes de plus en plus nombreux à posséder en dépit de la plus exécrable saison de pêche que nous ayons jamais eue.

C'est pourquoi nous étions si nombreux assis là à écouter, la plupart d'entre nous calculant que la douzaine de poissons que nous avions r~menée ne valait même pas l'essence pour aller les chercher, aussi y avait-il beaucoup plus de bateaux de plaisance que de bateaux de pêche. au large. Billy Peters avait même réussi à amener quatre des anciens sur la véranda, pour chanter et jouer du tambour comme ils le faisaient autrefois, et comme ça ne faisait rien d'autre que donner à tous du bon temps et remonter le moral des vieux, les gens se disaient qu'ils pouvaient tout aussi bien rester, car quand il n'y a pas de poissons là-bas, il n'y a pas de pêche non plus. Donc, nous étions en train de savourer notre café après dîner, quand la voix du speaker de la CBC nous parvint, riche et fruitée, pour annoncer à tous les auditeurs que toute la côte était sous le coup d'une marée rouge, et qu'il était interdit de ramasser les praires, les huîtres e't les moules. L'un des garçons ricana et dit: "Marée rouge. Bon Dieu, ça c'est bien pour les blancs", et deux autres se mirent à rire et à l'approuver, mais ma Grand-mère ho9


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.