Femmes indiennes

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"A LA CROISEE DES CONTINENTS" Première exposition sur les peuples du Pacifique Nord Le 22 septembre dernier~ une remarquable exposition a été inaugurée au Smithsonian Institute à Washington~ où elle restera jusqu'à la mi-1989: "A la croisée des continents"~ consacrée aux peuples du bassin nord du Paci fique~ de l'Alaska au Kamtchatka~ en passant par le Détroi t de Behring, Par Nathalie Novik, envoyée spéciale de Nitassinan La caractéristique la plus frappante de cette exposition est le fait qu'elle est le fruit d'une étroite coopération entre Américains et Soviétiques pour montrer au public l'extraordinaire richesse des civilisations du Pacifique nord: certaines pièces sont sorties pour la première fois des collections soviétiques, et leur présence explicite le propos des organisateurs. Nous sommes bien devant un bassin de cultures proches, qui ont pratiqué de nombreux échanges avant l'arrivée des Blancs, et dont le degré de technicité et d'adaptation à l'environnement laisse pantois. Pour le non-initié, cartes et diagrammes aident à situer les Tlingit, Haida, Tsimshian, Athapascan, Nootka, Salish et autres populations di tes "indiennes" du côté américain, et les Tchoukche, Koriak, Neghidal tsy, Yukaghir, Itelmen et autres "sibériens" du côté asiatique du Pacifique. Avec, bien sûr, au beau milieu, les Inui t ou Esquimaux, séparés auj ourd 'hui par la frontière soviéto-américaine en travers du Détroit de Behring, mais qui, jusqu'à la dernière guerre, vivaient sur ces îles et ces deux continents sans imaginer que l'on puisse un jour les arracher les uns aux autres pour les isoler dans deux blocs antagonistes.

Une beauté déconcertante L'un des clous de l' exposi tion est certainement la tunique de shaman Koriak, en peau de renne brune, décorée de constellations blanches. Ou bien est-ce cette couverture chilkat des Tlingit, tissée de fine laine de mouflon blanc, décorée de motifs complexes, jaunes et bruns ? Mais il y a aussi cette collection étonnante de chapeaux aux formes inattendues, lon-

gues visières en bois, peintes et décorées de perles, de plumes, d'aigrettes, un monde féérique sans rapport avec ce que l'on veut imaginer d'une région où l' hi ver dure neuf mois. Et les outils de chasse, harporis, lances, flèches, d'une incroyable finesse, et qui se ressemblent tant de part et d'autre du Détroit. Et puis les kayaks, les canoës, les traîneaux, les berceaux, les maisons... On y passerai t des heures, chaque objet est d'une beauté déconcertante.

Symposium des plus éminents chercheurs C'est bien sûr une exposition ethnologique: tout est dans les vi trines, sur les murs, on ne touche à rien, on regarde. Et on regarde ce qui est la tradition des populations en question, mais "flas forcément le reflet de leur vie d'aujoùrd'hui. D'où le mérite du symposium organisé pour lancer l' exposi tion: deux journées réunissant les experts occidentaux et soviétiques en la matière. Il avait été mis au point par l' IREX (International Research and Exchanges Board), présidé par Allen Kassof, en collaboration avec 75


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