Femmes indiennes

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"The Land of the War Canoes", même trame Rien de bien original , on le voit. mais ce qui est inté· ressant c'est Que The Land of the Wor Conoes s'inspire d'une (rame Quasi·identique. à ces différences près que . chez Curti s. le so rcier est un vieil homme Tepoussan! et qu'à la famine est su bstitu ée une guerre tribale. Mais il me semblera it maladroit d 'opposer aux images « fastueuses » de Curtis. celles des cérémoni es Kwakiut l, dont la célébration exige une accumulation de masques Ct de parures. 1;] « disc rétion » de The Si/enl Enemy, si retenu dans son écriture. Considérons plutôt que "un ct l'autre s'accordent au plus près avec l'u nivers - au sen s ta rge du terme - des tribus visi tées CI que C'CSI ce qui jus tifie cn tout premier lieu leu r confront:lIion.

La Légende IïImée E.S.Curtis, grand photographe ct arpenteur des réser· ves indiennes à la charnière du XIX~ e t du XX, s ièeles, a fourni dans Th e Land of Ihe War Canoes, un témoi· gnage essentiel sur la culture kwakiull, car cette «( légende filmée » lui a donné l'opportunité de rilmer des cérémonies progressivement interdîtes par les aUlOri· tés ct désormais disparues. Partagé entre le souci de n'en rien perdre Ct de s'introdui re au plus près de ces rituels, il recourt a ux plans généraux coupés de plan s ra pp ro· chés qui valorise nt tel ou te l détail, tet ou tcl moti f. A l'évidence C urt is a tra vaillé avec les Kwakiutl. Il semble même avoir adopté , com me e n Iou le hâte, un récit con · venu pour mi eux être à même de IiIm er ceux qui l'accueillaient, sans être harcelé par des contra intes nar· ratives .

césure entre Même et Autre

Nous sommes loin des e nregistremen u élémentaires des pionniers de l'Edi son ou de la Biograph qui obser· vaien t de loin cérémonies e t rituels, et dont les bandes, égalemen t projetées à Amiens, présentent un indéniable intérêt ethnologique et his torique . Curtis, introduit (on ne peut dire init ié, quoi que l'autorisation qu'il obtint de filmer chez les Hopi dénote le degré de reconnaissance dont il jou issai t auprèS des indiens dans une cullure ct une société autres, y pénè tre en personne en usant des moyens d'expression qui lui sont proprcs, à savoir essen· tiellement la pholOgraphie et épidosiquement le cinéma . Pour ne pas renoncer à êt re lui-même, il tente de se co ncevoir autre. En s'aflï rmant dans la quête de l'au tre , il acq uiert une identité ct cette (1 chaleur » de la vie naissante, jaillissant du I( frottement » avec l'étranger, c'est cc qui fa it le charme de The Land of Ihe War Canoes, mai s a uss i de Th e Si/enl Enemy. En schéma tisant, car le film de Curtis mériterait une analyse plus approfondie, le réci t , dans sa f ragilité fictionnelle, ne s'i ntensifie que parce qu'il est le prétexte à la luxuriance des cérémon ies ou de certains rituels kwakiutl, telle la séq uence des canoés remontant vers le rivage avec à leur proue des g uerriers mimant les gestes des a nimau)( tut élai res de la tribu . et que, saisi par celle con fronta tio n, Cuni s, parfois, invente une écriture ci né· matographique ina ttendue tout en mouvement (travel ling à partir d'une embarcation, panoramiques ... ), comme s'il cherchait à dire à l'aide de sa caméra so n désir perso nnel de fracturer la Front ière, cet espace mouvant, réel ct imaginaire, qui fait césure entre les ter ritoires du Même ct de l'Autre . Rien de tcl dans The Si/ent Enemy. L'Etrange spectacu laire qui hante les cérémonies Kwakiutl nc connaît pas d 'équivalent chez Ics Ojibwa . La magic des images va sourd re d'un autre mystère, celui vécu par Burden torqu'il si llonne de nouveau les pistes du Nord, où il lui se mblc retrouver un fragment de sa vic. Mais jamais cette êcriture de la nostalgie n'emploie le je. Le lïIm obéit à une partition ré pétitive dont les variations n'excèdent g uère l'alternance plan s générau)(, plans plus ou moins rapproch és. La caméra à hauteu r d'h omme est la régie en matière de cadrage; plongées RéaliSlteur: H.P. CARVER Scdnan'o : Richard CARVER. d'après une idée de William DOUe LAS BURDEN Oi1T!Cleur de la photographie : :>tarchel LE PICARD Musique : Mlssard Kur ZHENE In/ertitres : Julian JOHNSON Production : William D. BURDEN ct William C. CHANLER Distn'bulian : PARAl'10UNT en 1930

Copie rcstau~e en /973 <II

"Ih t Si l ent (ne . y"

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par l'AF.F.J. Anntle : 1930 Pays : U.SA Sonore· noir ct blanc Duree ; 1 h 30

Tou milge dans 1'0nl.:lrio septentrioMI à la limi te du cer<:le polaire ar<:tique. L1 figuration el les printÎpdux interprètes sont des indiens ojibway (Chef Longue Lance, Chef Akawanilh, Alce Pezza ta, Chce!Q ... )


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