Femmes indiennes

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Elle avait alerté ces quelques femmes plus visionnaires en leur soulignant qu'on détruisait ainsi des familles, rejetai t des, éléments dynamiques qui pourraient jouer un rôle social important dans l'avenir des communautés, et anéantissait des êtres humains en leur enlevant toutes possibilités de choisir leur avenir et en les déracinant du sol qui les avait vu grandir pour les transplanter ailleurs, dans une terre inconnue.

Femmes indigènes, quel avenir? Francine, qui venait alors de terminer un cours universitaire, la première dans cette communauté, donc mieux préparée pour débattre de ce genre de questions, avait sovlevé en vain des tas de points sur L'AVENIR DES FEMMES AUTOCHTONES. Elle avait allumé une faible flamme qui ne s'éteindrait jamais, même si la victoire était loin d'être évidente. Elle avait fait comprendre à certaines qu'elles ne devaient plus accepter sans dire un mot tout ce qu'on leur pro~ posait. Elle avait discuté avec elles du rejet de cette soumission qui caractérisait les femmes autochtones depuis Elle leur avait démontré que pour obtenir qu'on les respecte ,et qu'on les consulte sur le devenir des sociétés montagnaises, il fallait qu'elles s'imposent. Elle leur avait fourni de la matière à discussions et à réflexions pour un long bout de temps. Elle avait donc semé une graine vivifiante qui germerait dans l'esprit des femmes autochtones, se propagerait à d'autres et produirait un jour un nouveau fruit délicieux que savoureraient les générations futures. Tout ce branle-bas n'a pas réussi à secouer l'encroûtement profond que causait une telle loi discrimanatoire dans cette communauté. Le travail de mise en marché des DEMOLISSEURS BLANCS

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avait tellement été bien fait que certains Montagnais s'appropriaient des arguments avancés par les fonctionnaires pour défendre cette loi! On leur avait fait croire que permettre à des Autochtones mariés à des Amérindiennes de vivre dans la communauté était une menace pour eux parce que, tôt ou tard, ces derniers "prendraient leur place, auraient de l'emprise sur le groupe et nuiraient ainsi au développement des Autochtones".

Le piège de l'assistance sociale Ce danger de MANIPULATION de la part des membres des familles montagnaises à part entière, pense Francine, étaitil aussi grand qu'on le prétendait? On peut en 'douter fortement, croit-elle, surtout dans le cas de ceux qui, comme son mari Michel étaient prêts, par amour sincère, à délaisser les avantages, certains pour eux-mêmes, de vivre dans les grandes villes pour suivre leur épouse et s'établir dans des réserves lointaines. Il aurait été bien surprenant que les intérêts personnels de Michel n'aillent pas dans le sens de ceux des membres de sa famille par alliance.( ••• ) On a mis dans la tête des nôtres tellement de préjugés que certains ne sont plus capables de démêler le bon grain de l'ivraie. Avec, comme résultat, que comme les huîtres, ils se sont renfermés sur eux-mêmes SANS DISCERNEMENT pour tenter de se défendre et empêcher ainsi les gens bien intentionnés de pénétrer pour les aider REELLEMENT. Après avoir été si souvent trompés, croit-elle ils ne sont plus en mesure de distinguer leurs véritables amis de leurs ennemis acharnés. De peur de se tromper une nouvelle fois, ils ont préféré faire le grand vide autour d'eux, à la satisfaction de ceux qui avaient intérêt à ce que l'évolution des Autochtones se réalise le plus lentement et le p~us tard possible. Les Aborigènes revendiqueraient alors avec acuité tout ce dont on les avait préalablement dépouillés.


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