Femmes indiennes

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Entre couverture et flûte d'amour Mais la procédure habituelle, pour la jeune femme, était plutôt d'attendre hors de son tipi, au coucher du soleil, bavardant peut-être avec une parente ou une amie de son âge. Les jeunes hommes impatients -et ils pouvaient être nombreuxs'avançaient lentement, formant un rang devant elle. A ce moment, la compagne éventuelle de la jeune femme s'éloignait, la laissant bavarder avec chacun des soupirants. Bien entendu, ses parents plus âgés restaient dans le tipi se plaçant de façon à pouvoir observer chacun des garçons qui approchaient. Et chacun attendait son tour : alors, venant vers elle, il disposait ses bras autour d'elle pour l'envelopper dans sa couverture de cour, pratique nommée "sina aopemni inajinpi" ("debout dans la couverture").

Chaque jeune homme racontait les événements importants de la journée, ou lui contait ses exploits guerriers ou encore son habileté à la chasse. Le choix de la jeune femme se fondait sur les réalisations du jeune homme dont les exploits étaient scrupuleusement évalués par toute la famille de la fille. Mais le succès de la conversation tenue par le jeune guerrier n'était pas tout à fait confié à la chance ••• La plupart des soupirants venaient en effet "armés" de Médecine de l'Elan ("Elk Medicine") ; cette dernière ayant la réputation . de pouvoir placer la jeune fille sous le charme de son propriétaire. Tard dans la nuit, après que tous les soupirants aient eu leur chance de parler à la jeune fille, on pouvait entendre dans la brise le son des "siyotanka" (flûtes d'amour) sur lesquelles étaient jouées de tendres mélodies. Souvent, la fille reconnaissait le joueur à sa musique.

Lorsque venait pour l'adolescente le moment de faire son choix, une grande excitation régnait dans le camp. Habituellement, ses parents consentaient au mariage, comme le faisaient les parents du jeune homme. Mais il y avait des cas où les mariages étaient arrangés par les parents sans même l'avis du couple. Dans ce cas, les amoureux authentiques pouvaient prendre la fuite, se réfugiant souvent dans une autre bande.Lakota. Si la femme ne voulait pas partir, il arrivait que le jeune homme la capture et l'enlève vers un autre camp.

"Okiciyuze", s'unir Tout au long de son adolescence, la jeune femme continuait à apprendre les tâches qu'elle devrait accomplir en tant qu'épouse et mère. Ses parents et grands parents poursuivaient son éducation. Le mariage apporterait de nouvelles responsabilités et une foule de nouveaux parents il était donc important d'apprendre correctement les termes de parenté. En Lakota, le mot désignant le mariage est "okiciyuze" (s'unir), et les formalités coutumières consistent en grande partie en ·une série d'échanges de cadeaux entre les familles des deux jeunes époux.

Les mères disaient : "Lorsque votre fille se marie, elle disparàît pour toujours, mais lorsqu'un fils se marie, vou recevez une nouvelle fille". C'est que la cérémonie de mariage elle-même impliquait essentiellement un changement de lieu de résidence pour l'épouse qui devait rejoindre le foyer familial de son mari. Alors que pour elle approchait le moment des cérémonies et des repas, la mère la prévenait: "Tu vas devenir une "wiwoh'a" (une femme liée), aussi prends en ton parti, car tu me quittes pour de bon et tu mourras là-bas." C'était une autre façon de lui dire qu'elle devait aller vivre dans le "wicoti" -ou camp de chasse-de son époux, se déplaçant avec lui à la recherche du bison et autres gibiers. Et il pouvait s'écouler beaucoup de temps avant que la bande de son mari et celle de son père ne se rencontrent. Elle vivrait aussi avec des gens qui appartiendraient à un "tiyospaye" différent, ces grandes divisions des Lakota selon lesquelles les gens sont apparentés par la naissance et non par le lieu de résidence. 33


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