Femmes indiennes

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"Chaud" mais fatal climat Mais "Rebecca" n'eut guère le temps de bénéficier de ce climat qu'elle avait contribué à établir. Après qu'elle eût donné naissance à un fils, Thomas (le premier métis "officiel" anglo-indien), son mari l'emmena en Angleterre pour la présenter à sa famille. Ils étaient accompagnés de leur fils et de plusieurs autres Algonquins. L'Angleterre -écrivent les chroniqueurs de l'époque- leur réserva un accueil enthousiaste (enthousiasme soigneusement entretenu •.• par les actionnaires de la compagnie de Virginie). Pocahontas fut même présentée à la reine Anne et au roi Jacques 1er et assista, le 6 janvier 1617, à la représentation d'une pièce de Ben Johnson (l'auteur de "Volpone"), avec, à ses côtés, en costume d'apparat, Uttamatomakkin, l'un des grands conseillers de son père.

Hélas, la Tamise a ses charmes, mais pas les mêmes que la James River. Le fog londonien, pas encore devenu le smog, fut fatal à notre "héroïne" ! Trois mois plus tard, alors que Rolfe préparait leur retour en Virginie malgré -écrit John Smith-, les protestations de Pocahontas, celle-ci succomba rapidement à une maladie pulmonai.re aggravée par un hiver exceptionnellement rude. On enterra à Gravesend, paroisse de Saint George celle qui n'aurait jamais dû quitter les rives ensoleillées du Chesapeake. John repartit seul exploiter sa plan tation de tabac et "l'histoire" le considère comme le principal responsable du développement de cette culture en Virginie -avec toutes les conséquences que l'on sait pour les Indiens et •• pour la santé du genre humain. Mais en 1622, Opechancanough, frère et successeur de Powhatan ,(donc son oncle par alliance), exaspéré par les proportions que prenait l'invasion de ses terres, déclencha une nouvelle révolte. John Rolfe fut parmi les premières victimes. Son fils Thomas ne revint en Virginie qu'une vingtaine d'années plus tard. Selon M. Gridley (in "American Indian Women"),

"Les Indiens n'avaient pas oublié que Pocahontas avait laissé un fils. Ils le considéraient comme un des leurs, le descendant de leur grand chef (1). Il trouva en arrivant la plantation sur laquelle il était né et les milliers d'hec tares hérités de son grand-père.( .•• ) Comme son père, Thomas devint planteur de tabac. Les relations étaient alors si tendues entre les colons et les Indiens depuis 1622, que personne n'avait le droit de communiquer avec les Powhatan -nom donné à toutes les tribus algonquines qui étaient "placées sous son autorité". Thomas demanda néanmoins, et obtint, l'autorisation de rendre visite à ses parents indiens; mais, comme il avait reçu une éducation anglaise, il s'occupa beaucoup plus des affaires de la colonie que de celles des Indiens."

La "Bonne Sauvagesse" N.B. - La "Petite Princesse Indienne" resta dans l'oubli durant plus d'un siècle mais, avec la mode du "Bon Sauvage", elle devint pour de nombreux écrivains anglo-saxons le symbole de "l'innocence de la vie primitive" ; un courant que l'on retrouve un peu partout dans la littérature américaine -sans qu'il ait jamais amélioré ni le niveau de celle-ci, ni le sort des innocentes victimes de la "civilisation" ••• Il n'est toutefois pas impossible de lire, parmi les ouvrages récents : -"Pocahontas, the Life and the Legend", de F.Mossiker (A.A.Kopf, N.Y.1976) -"Pocahontas" , Norman (University of Oklaoma Press, 1980). Et, si l'on a le courage d'affronter ses 8 ou 900 pages, "Chesapeake", de Mitchener qui, là encore, comme dans "Colorado Saga", décrit avec une remarquable et rare objectivité les rapports entre les Indiens et les Premiers Blancs,

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